• À Mlle de Navarre

    Jeune Iris, souffrez sans courroux
    De passer pour coquette.
    Pourquoi vous offenseriez-vous
    D'une telle épithète ?
    Quelque grain de légèreté
    Et de coquetterie
    Ajoute encore à la beauté
    Le titre de jolie !

    Ne voyons-nous pas tous les jours
    Folâtrer sur vos traces
    Presque autant de nouveaux amours
    Qu'on...

  • J'ai vu mes tristes journées
    Décliner vers leur penchant ;
    Au midi de mes années
    Je touchais à mon couchant :
    La Mort, déployant ses ailes,
    Couvrait d'ombres éternelles
    La clarté dont je jouis ;
    Et, dans cette nuit funeste,
    Je cherchais en vain le reste
    De mes jours évanouis.

    Grand Dieu, votre main réclame
    Les dons que j'en...

  • Que l'homme est bien, durant sa vie,
    Un parfait miroir de douleurs,
    Dès qu'il respire, il pleure, il crie
    Et semble prévoir ses malheurs.

    Dans l'enfance toujours des pleurs,
    Un pédant porteur de tristesse,
    Des livres de toutes couleurs,
    Des châtiments de toute espèce.

    L'ardente et fougueuse jeunesse
    Le met encore en pire état....

  • FAIBLESSE DES HOMMES,
    GRANDEUR DE DIEU

    Mon âme, louez le Seigneur ;
    Rendez un légitime honneur
    À l'objet éternel de vos justes louanges.
    Oui, mon Dieu, je veux désormais
    Partager la gloire des anges,
    Et consacrer ma vie à chanter vos bienfaits.

    Renonçons au stérile appui
    Des grands qu'on implore aujourd'hui ;
    Ne fondons point sur...

  • Le compas d'Uranie a mesuré l'espace.
    Ô Temps, être inconnu que l'âme seule embrasse,
    Invisible torrent des siècles et des jours,
    Tandis que ton pouvoir m'entraîne dans la tombe,
    J'ose, avant que j'y tombe,
    M'arrêter un moment pour contempler ton cours.

    Qui me dévoilera l'instant qui t'a vu naître ?
    Quel oeil peut remonter aux sources de ton être...

  • Suis-je seul ? je me plais encore au coin du feu.
    De nourrir mon brasier mes mains se font un jeu ;
    J'agace mes tisons ; mon adroit artifice
    Reconstruit de mon feu le savant édifice.
    J'éloigne, je rapproche, et du hêtre brûlant
    Je corrige le feu trop rapide ou trop lent.
    Chaque fois que j'ai pris mes pincettes fidèles,
    Partent en pétillant des milliers...

  • Le doux printemps revient, et ranime à la fois
    Les oiseaux, les zéphirs, et les fleurs, et ma voix.
    Pour quel sujet nouveau dois-je monter ma lyre ?
    Ah ! Lorsque d'un long deuil la terre enfin respire,
    Dans les champs, dans les bois, sur les monts d'alentour,
    Quand tout rit de bonheur, d'espérance et d'amour,
    Qu'un autre ouvre aux grands noms les fastes de la...

  • ...Désirez-vous un lieu propice à vos travaux ?
    Loin des champs trop unis, des monts trop inégaux,
    J'aimerais ces hauteurs où, sans orgueil, domine
    Sur un riche vallon une belle colline.
    Là, le terrain est doux sans insipidité,
    Élevé sans raideur, sec sans aridité.
    Vous marchez : l'horizon vous obéit : la terre
    S'élève ou redescend, s'étend ou se...

  • Eh ! qui du grand Colomb ne connaît point l'histoire,
    Lui dont un nouveau monde éternisa la gloire ?
    Illustre favori du maître du trident,
    L'heureux Colomb voguait sur l'abîme grondant ;
    Sa nef avait franchi les colonnes d'Alcide ;
    Les phoques, les tritons, la jeune néréide,
    Voyaient d'un oeil surpris ces drapeaux, ces soldats,
    Ces bronzes menaçants,...

  • ... Ô Versaille ! ô regrets ! ô bosquets ravissans,
    Chefs-d'oeuvre d'un grand roi, de Le Nôtre et des ans !
    La hache est à vos pieds et votre heure est venue.
    Ces arbres dont l'orgueil s'élançait dans la nue,
    Frappés dans leur racine, et balançant dans l'air
    Leurs superbes sommets ébranlés par le fer,
    Tombent, et de leurs troncs jonchent au loin ces routes
    ...