Jacques Delille

  • Il est une liqueur, au poëte plus chère,
    Qui manquait à Virgile, et qu'adorait Voltaire ;
    C'est toi, divin café, dont l'aimable liqueur
    Sans altérer la tête épanouit le coeur.
    Aussi, quand mon palais est émoussé par l'âge,
    Avec plaisir encor je goûte ton breuvage.
    ...

  • ... Ô Versaille ! ô regrets ! ô bosquets ravissans,
    Chefs-d'oeuvre d'un grand roi, de Le Nôtre et des ans !
    La hache est à vos pieds et votre heure est venue.
    Ces arbres dont l'orgueil s'élançait dans la nue,
    Frappés dans leur racine, et balançant dans l'air
    Leurs...

  • Eh ! qui du grand Colomb ne connaît point l'histoire,
    Lui dont un nouveau monde éternisa la gloire ?
    Illustre favori du maître du trident,
    L'heureux Colomb voguait sur l'abîme grondant ;
    Sa nef avait franchi les colonnes d'Alcide ;
    Les phoques, les tritons, la jeune...

  • ...Désirez-vous un lieu propice à vos travaux ?
    Loin des champs trop unis, des monts trop inégaux,
    J'aimerais ces hauteurs où, sans orgueil, domine
    Sur un riche vallon une belle colline.
    Là, le terrain est doux sans insipidité,
    Élevé sans raideur, sec sans aridité....

  • Le doux printemps revient, et ranime à la fois
    Les oiseaux, les zéphirs, et les fleurs, et ma voix.
    Pour quel sujet nouveau dois-je monter ma lyre ?
    Ah ! Lorsque d'un long deuil la terre enfin respire,
    Dans les champs, dans les bois, sur les monts d'alentour,
    Quand tout...

  • Suis-je seul ? je me plais encore au coin du feu.
    De nourrir mon brasier mes mains se font un jeu ;
    J'agace mes tisons ; mon adroit artifice
    Reconstruit de mon feu le savant édifice.
    J'éloigne, je rapproche, et du hêtre brûlant
    Je corrige le feu trop rapide ou trop...

  •  
    Oui, les riches aspects et des champs et de l’onde
    D’intéressans tableaux sont la source féconde :
    Oui, toujours je revois avec un plaisir pur
    Dans l’azur de ces lacs briller ce ciel d’azur,
    Ces fleuves s’épancher en nappes transparentes,
    Ces gazons...

  •  
    Non, je ne puis quitter le spectacle des champs.
    Eh ! qui dédaignerait ce sujet de mes chants :
    Il inspirait Virgile, il séduisait Homère.
    Homère, qui d’Achille a chanté la colère,
    Qui nous peint la terreur attelant ses coursiers,
    Le vol sifflant des dards,...

  •  
    Je chantais les jardins, les vergers et les bois,
    Quand le cri de Bellone a retenti trois fois.
    À ces cris, arrachés des foyers de leurs pères,
    Nos guerriers ont volé sur des mers étrangères,
    Et Mars a de Vénus déserté les bosquets.
    Dieux des champs, dieux...

  •  
    Oh ! si j’avais ce luth dont le charme autrefois
    Entraînait sur l’Hémus les rochers et les bois,
    Je le ferais parler, et sur les paysages
    Les arbres tout-à-coup déploîraient leurs ombrages.
    Le chêne, le tilleul, le cèdre et l’oranger
    En cadence viendraient...