• L'ombre s'évapore
    Et déjà l'aurore
    De ses rayons dore,
    Les toits d'alentour,
    Les lampes pâlissent
    Les maisons blanchissent,
    Les marchés s'emplissent,
    Ou a vu le jour.

    De La Villette,
    Dans sa charrette,
    Suzon brouette
    Ses fleurs sur le quai :
    Et de Vincennes
    Gros-Pierre amène
    Ses fruits que traîne
    Un âne...

  • En tous lieux la foule
    Par torrents s'écoule ;
    L'un court, l'autre roule :
    Le jour baisse et fuit.
    Les affaires cessent;
    Les dîners se pressent,
    Les tables se dressent ;
    Il est bientôt nuit.

    Là, je devine
    Poularde fine,
    Et bécassine,
    Et dindon truffé ;
    Plus loin je hume
    Salé, légume,
    Cuits dans l'écume
    D...

  •  
    Debout ! mânes sacrés de mes concitoyens !
    Venez ; inspirez-les, ces vers où je vous chante.
    Debout, morts immortels, héroïques soutiens
    De la liberté triomphante !

    Brûlant, désordonné, sans frein dans son essor,
    Comme un peuple en courroux qu'un même cri soulève,.
    Que cet hymne vers vous s'élève
    De votre sang qui fume encor !
    Quels sont...

  • 21 Mars 1915.

    Sous les étoiles d’or d’un ciel ornemental
    Glissent les Zeppelins dans la clarté hardie
    Et le vent assaillant leurs parois de métal
    En fait luire et siffler l’armature arrondie.

    Un but sûr, mais lointain, les hèle et les conduit ;
    Et tandis...


  • Quid Romae faciam ?
    ( JUVENAL)

    Paris dort : avez-vous, nocturne sentinelle,
    Gravi, minuit sonnant, le pont de la Tournelle,
    C'est de là que l'on voit Paris de fange imbu ;
    Et comme un mendiant ivre près d'une cuve
    Le géant est qui ronfle et qui râle, et qui cuve
    Le...

  • Au milieu de Paris je me suis fait ermite,
    Dedans un seul objet mon esprit se limite,
    Quelque part où mes yeux me pensent divertir
    Je traîne une prison d'où je ne puis sortir,
    J'ai le feu dans les os et l'âme déchirée
    De cette flèche d'or que vous m'avez tirée.
    Quelque tentation qui se présente à moi,
    Son appas ne me sert qu'à renforcer ma foi.
    L'...

  • C'est la mer : - calme plat - et la grande marée,
    Avec un grondement lointain, s'est retirée.
    Le flot va revenir, se roulant dans son bruit.
    Entendez-vous gratter les crabes de la nuit ?

    C'est le Styx asséché : le chiffonnier Diogène,
    La lanterne à la main, s'en vient errer sans gêne.
    Le long du ruisseau noir, les poètes pervers
    Pêchent : leur crâne...

  • Vois aux cieux le grand rond de cuivre rouge luire,
    Immense casserole où le Bon Dieu fait cuire
    La manne, l'arlequin, l'éternel plat du jour.
    C'est trempé de sueur et c'est poivré d'amour.

    Les Laridons en cercle attendent près du four,
    On entend vaguement la chair rance bruire,
    Et les soiffards aussi sont là, tendant leur buire ;
    Le marmiteux...

  • L'Amour de mes pensers, comme de son pinceau,
    Vous peint à mon esprit, si je clos ma paupière
    Je vous vois en dormant, si je suis sans lumière,
    Pour m'éclairer de nuit vous êtes mon flambeau.

    Si je suis sur la terre, ou si je suis sur l'eau,
    Vous me suivez sur terre, et dessus la rivière :
    Car je vous vois toujours et devant et derrière,
    La croupe du...

  • Adieu Paris, adieu pour la derniere fois !
    Je suis las d'encenser l'autel de la fortune
    Et brusle de revoir mes rochers et mes bois
    OÙ tout me satisfait, où rien ne m'importune.

    Je ny suis point touché de l'amour des thresors ;
    Je n'y demande pas d'augmenter mon partage :
    Le bien qui m'est venu des peres dont je sors
    Est petit pour la cour, mais...