Magistrats ! dévouez aux épouses vos arcs triomphaux. Enjambez
les routes avec la louange des veuves obstinées. Usez du ciment,
du faux marbre et de la boue séchée pour dresser les mérites de
ces dames respectables, - c'est votre emploi.
Je garde le mien qui est d'offrir à une autre un léger tribut de
paroles, une arche de buée dans les yeux, un palais trouble...
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Si beau, si parfait à l'opposé de l'humain
Que je suis encor, - que nulle de mes paroles
N'atteindra jamais la neuvième des Coupoles
Ni l'espace bas où les lourds génies s'envolent.
Plus haut. Piétinons l'esplanade ordonnancée !
Portons haut le Nombre et les justes tourbillons.
Étreignons le cercle : happons l'azur : assaillons
Plus haut ? sans... -
Ces barbares, écartant le bois, et la brique et la terre, bâtissent dans
le roc afin de bâtir éternel !
Ils vénèrent des tombeaux dont la gloire est d'exister encore ; des ponts
renommés d'être vieux et des temples de pierre trop dure dont pas une
assise ne joue.
Ils vantent que leur ciment durcit avec les soleils ; les lunes meurent
en polissant... -
Je frappe les dalles. J'en éprouve la solidité. J'en écoute la sonorité.
Je me sens ferme et satisfait.
J'embrasse les colonnes. Je mesure leur jet, la portée, le nombre et
la plantation. je me sens clos et satisfait.
Me renversant, cou tendu, nuque douloureuse, je marche du regard
sur le parvis inverse et je sens mes épaules riches d'un lourd habit... -
Voici la rançon et la Médiation rude ;
Tombe le torrent des pleurs et des gratitudes ;
Le Ciel renversé pleut sur moi sa plénitude
Toute l'abondance a cataracté sur moi.
Vertige alourdi de chairs et de sangs terrestres.
Inanité de voler si haut sans appât :
Vautour pris au bleu ; agonisant sans trépas ;
Couper les liens ? un géant n'oserait pas.... -
Du Père à son fils, l'affection. Du Prince au sujet, la justice.
Du frère cadet à l'aîné, la subordination. D'un ami à son ami,
toute la confiance, l'abandon, la similitude.
*
Mais pour elle, - de moi vers elle, - oserai-je dire et observer !
Elle, qui retentit plus que tout ami en moi ; que j'appelle soeur
aînée délicieuse ; que je sers comme... -
A lui complaire j'ai vécu ma vie. Touchant au bout extrême de
mes forces, je cherche encore à imaginer quoi pour lui complaire :
Elle aime à déchirer la soie : je lui donnerai cent pieds de
tissu sonore. Mais ce cri n'est plus assez neuf.
Elle aime à voir couler le vin et des gens qui s'enivrent :
mais le vin n'est pas assez âcre et ces vapeurs ne l'... -
On souffre, on s'agite, on se plaint dans mon Empire. Des
rumeurs montent à la tête. Le sang, comme un peuple irrité,
bat le palais de mes enchantements.
La famine est dans mon coeur. La famine dévore mon coeur :
des êtres naissent à demi, sans âmes, sans forces, issus d'un
trouble sans nom.
Puis on se tait. On attend. Que par un bon vouloir s'... -
Lève, voix antique, et profond Vent des Royaumes.
Relent du passé ; odeur des moments défunts.
Long écho sans mur et goût salé des embruns
Des âges ; reflux assaillant comme les Huns.
Mais tu ne viens pas de leurs plaines maléfiques :
Tu n'es point comme eux poudré de sable et de brique,
Tu ne descends pas des plateaux géographiques
Ni des ailleurs... -
Tu es, tout d'un coup : voici tout ce que tu es :
Ton essence vraie et ta multiple hypostase :
Tes noms ; tes tributs ; l'orbe que ton orbe écrase :
Contemplation qui se résout en extase :
Tu es lourd de science et plus léger que fumée.
Pénétrant et fin comme esprit et les échos.
Tu es riche d'ans : ô Premier né du Chaos.
Tu sais discerner l'imbécile...