• Ballade

    Quand j'ois parler d'un prince et de sa cour,
    Et qu'on me dit : Fréquentez-y, beau sire,
    Lors je réponds : Mon argent est trop court,
    J'y dépendrais, sans cause, miel et cire :
    Et qui de cour la hantise désire,
    Il n'est qu'un fol, et fût-ce Parceval ;
    Car on se voit souvent, dont j'ai grand ire,
    Très bien monté, puis soudain sans...

  • Quand celle j'oy parler qui pare nostre France,
    Lors son riche propos j'admire en escoutant ;
    Et puis s'elle se taist, j'admire bien autant
    La belle majesté de son grave silence.

    S'elle escrit, s'elle lit, s'elle va, s'elle dance,
    Or je poise son port, or son maintien constant,
    Et sa guaye façon ; et voir en un instant
    De çà de là sortir mille...

  • Tirsis, laisse parler le vulgaire insensé
    Et n'ecoute jamais sinon ta conscience,
    Chez elle seulement est le siege dressé
    Qui doit te condamner ou prendre ta deffense,

    Le plus beau de tes ans s'en va tantost passé,
    Et tu n'as pas de vivre encore la science ;
    Ton esprit hors de soy se trouve balancé
    Et suit d'un faux honneur la trompeuse apparance....

  • Si je le parle, à coeur de jour,
    Au pays, avec les miens, comme
    Au grand siècle tout gentilhomme
    Le parlait aux abbés de cour,
    C'est... Ains seulement par amour.

    Ce français vieillot qu'on dédaigne,
    Il est natif d'un haut Poitou
    Et d'un lointain Paris itou.
    Ces termes, que le chaume enseigne,
    Ce sont des termes de Montaigne.
    ...

  • Vous parler ? Non. Je ne peux pas.
    Je préfère souffrir comme une plante,
    Comme l'oiseau qui ne dit rien sur le tilleul.
    Ils attendent. C'est bien. Puisqu'ils ne sont pas las
    D'attendre, j'attendrai, de cette même attente.

    Ils souffrent seuls. On doit apprendre à souffrir seul.
    Je ne veux pas d'indifférents prêts à sourire
    Ni d'amis gémissants. Que...

  • Ô doux parler, dont l'appât doucereux
    Nourrit encore la faim de ma mémoire,
    Ô front, d'Amour le Trophée et la gloire,
    Ô ris sucrés, ô baisers savoureux ;

    Ô cheveux d'or, ô côteaux plantureux
    De lis, d'oeillets, de porphyre et d'ivoire,
    Ô feux jumeaux dont le ciel me fit boire
    Ô si longs traits le venin amoureux ;

    Ô vermillons, ô perlettes...

  • Je viens de mal parler de toi, rose superbe !
    Si ton éclat est vif, rose, tu sais pourtant,
    Seule dans le cristal, au milieu de la gerbe,
    Aussi bien que les yeux rendre le coeur content.

    Un jour, contre le mur d'une porte gothique
    (j'errais en ce temps-là dans les pays du nord)
    Rose, tu m'apparus très pâle et fantastique
    Et frissonnante au vent plein de...

  • J'aime tant ce parler bégayement mignard
    Qui sent encor le lait d'une voix enfantine,
    Toutefois bien souvent il donne du poignard
    Qui m'objecte soudain à faire maigre mine.

    Mais tout ainsi qu'il faut que le brave soldard
    Doute moins l'ennemi que son bon capitaine,
    Ainsi, ma chère amour, je crains votre regard,
    Plus que de mes haineux la présence...