Pourquoi ne me rendez-vous pas
Les doux instants de ma jeunesse ?
Dieux puissants ! ramenez la course enchanteresse
De ce temps qui s'enfuit dans la nuit du trépas !
Mais quelle ambition frivole !
Ah ! dieux ! si mes désirs pouvaient être entendus,
Rendez-moi donc aussi le plaisir qui s'envole
Et les amis que j'ai perdus !
Campagne d'Arpajon !...
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(Fragments)
... Quelle touchante paix me suit dans ces retraites !
Forêt inaccessible à l'ardente chaleur,
Quel plaisir de rêver dans tes routes secrètes !
Ces pins semblent porter, sur leur front sourcilleux,
La voûte où le soleil se couronne de feux ;
La méditation qui plane sur ma tête,
Dans leur profond dédale, à chaque pas m'arrête :
L'... -
Non mon esprit vous n'êtes sot,
Mais onc ne fûtes Philosophe,
Point n'est sagesse votre lot,
Pourtant ne manquez pas d'étoffe.
Point trop mal vous dites le mot,
Assez bien raillez sans déplaire,
Or un sot ne le pourrait faire :
Non mon esprit vous n'êtes sot.
Mais flatter ne fut mon métier,
Partant souffrez cette apostrophe ;
Bien... -
Une nuit que le dieu Morphée,
Sur ma paupière comprimée
Distillait ses plus doux pavots,
Je vis en songe dans la nue,
Un vieillard à tête chenue,
Qui me fit entendre des mots :
Bellone va fuir exilée,
L'Europe de sang abreuvée
La repousse au fond des déserts ;
Et Georges ce roi formidable,
Domptant le Français indomptable,
Rendra la... -
Petit jardin que j'ai planté
Que ton enceinte sait me plaire !
Je vois en ta simplicité,
L'image de mon caractère.
Pour rêver qu'on s'y trouve bien !
Ton agrément c'est la verdure ;
A l'art tu ne dois presque rien,
Tu dois beaucoup à la nature.
D'un fleuve rapide en son cours,
Tes murs viennent toucher la rive,
Et j'y vois s'écouler... -
C'était, dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.
Lune, quel esprit sombre
Promène au bout d'un fil,
Dans l'ombre,
Ta face et ton profil ?
Es-tu l'oeil du ciel borgne ?
Quel chérubin cafard
Nous lorgne
Sous ton masque blafard ?
N'es-tu rien qu'une boule,
Qu'un grand faucheux... -
Porte ta vie ailleurs, ô toi qui fus ma vie ;
Verse ailleurs ce trésor que j'avais pour tout bien.
Va chercher d'autres lieux, toi qui fus ma patrie,
Va fleurir, ô soleil, ô ma belle chérie,
Fais riche un autre amour et souviens-toi du mien.
Laisse mon souvenir te suivre loin de France ;
Qu'il parte sur ton coeur, pauvre bouquet fané,
Lorsque tu l... -
Quand je t'aimais, pour toi j'aurais donné ma vie,
Mais c'est toi, de t'aimer, toi qui m'ôtas l'envie.
A tes pièges d'un jour on ne me prendra plus ;
Tes ris sont maintenant et tes pleurs superflus.
Ainsi, lorsqu'à l'enfant la vieille salle obscure
Fait peur, il va tout nu décrocher quelque armure ;
Il s'enferme, il revient tout palpitant d'effroi
Dans sa... -
Quand la lune blanche
S'accroche à la branche
Pour voir
Si quelque feu rouge
Dans l'horizon bouge
Le soir,
Fol alors qui livre
A la nuit son livre
Savant,
Son pied aux collines,
Et ses mandolines
Au vent ;
Fol qui dit un conte,
Car minuit qui compte
Le temps,
Passe avec le prince
Des sabbats... -
Réponse à la chanson de Becker
Nous l'avons eu, votre Rhin allemand,
Il a tenu dans notre verre.
Un couplet qu'on s'en va chantant
Efface-t-il la trace altière
Du pied de nos chevaux marqué dans votre sang ?
Nous l'avons eu, votre Rhin allemand.
Son sein porte une plaie ouverte,
Du jour où Condé triomphant
A déchiré sa robe verte.
...