C'est le désert lugubre après l'âpre savane,
Le ciel de feu, le sable épais, l'air étouffant.
D'une terreur étrange à peine on se défend.
Seul, en ces lieux maudits, l'Arabe se pavane.
Là des sources sans eaux, un palmier qui se fane ;
Là des crânes ouverts par un cheik triomphant.
Mais voici que le ciel à l'horizon se fend,
Et des frissons d'...
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Par des chemins de fleurs, au temple qu'on voit là,
Des prêtresses s'en vont. Leurs bandes triomphales
Dansent cyniquement au rythme des crotales.
Jamais tissu discret alors ne les voila.
Vénus veut des honneurs. C'est sa fête, et voilà
Que la ville s'éveille. Et les chastes Vestales
S'enfoncent tour à tour dans l'ombre de leurs stalles,
Et le... -
On admire toujours, sous le beau ciel romain,
Ses vieux gradins massifs et ses hautes arcades,
Flots de pierres pareils aux immenses cascades
Que l'hiver boréal suspend sur son chemin.
Les Césars orgueilleux, d'un signe de la main,
Faisaient défiler là de fières cavalcades ;
Ils faisaient s'élancer, de leurs mille embuscades,
Les fauves qu'appelait... -
Dois-tu n'avoir, un jour, qu'un vol de fainéant,
Comme un oiseau lassé d'une course inutile ?
Iras-tu, quand il faut pour te rendre fertile
Des ans par millions, en un jour au néant ?
Sais-tu la profondeur de l'espace béant ?
Le temps qui nous détruit, est-ce qu'il te mutile ?
Et la vie et la mort, sur ton champ qui scintille,
Verront-elles la fin... -
Dans le champ de Booz, un béni du Seigneur,
Glane, depuis l'aurore, une humble Moabite.
C'est avec Noémi la veuve qu'elle habite,
Veuve aussi... Toutes deux sont des femmes d'honneur
Elles ont vu, là-bas, s'écrouler leur bonheur.
Après le travail long la ruine subite ...
Le soir, belle en son deuil, Ruth s'approche et débite
L'histoire de ses maux au... -
L'invincible Samson, le fils de Manué,
Qui s'enfuyait avec les portes d'une ville,
Qui tuait, luttant seul, les Philistins par mille,
Et narguait leur pouvoir enfin diminué,
Depuis longtemps incline un corps exténué
Sous les rires moqueurs, dans un labeur servile ;
Et le ressentiment de la nation vile
Ne s'est pas, il lui semble, encore atténué.... -
Mondes qui, chaque soir, à mes regards ravis
Publiez la grandeur du Créateur suprême,
Passez-vous les premiers dans un lointain extrême,
Ou d'autres sont-ils morts, que vous avez suivis ?
A d'implacables lois êtes-vous asservis ?
La route parcourue est-elle encor la même ?
Et, comme les fleurons autour d'un diadème,
Rayonnez-vous autour des célestes... -
Il est un oeil si doux et si plein de candeur
Qu'on dirait une étoffe en la nuit presque éteinte.
La mer au fond d'un autre a mis sa fauve teinte.
Un troisième est fait d'ombre. Et tous ont leur splendeur.
Sous leurs cils veloutés il n'est pas de froideur
Quand le coeur aime. Et nul ne peut fuir leur atteinte.
L'âme vibre bientôt comme un métal qui tinte,... -
Les vapeurs du matin, légères et limpides,
Ondulent mollement le long des Laurentides,
Comme des nuages d'encens.
Au murmure des flots caressant le rivage,
Les oiseaux matineux, cachés dans le feuillage,
Mêlent de suaves accents.
La nature, au réveil, chante une hymne plaintive,
Dont les accords touchants font retentir la rive
Du Saint-Laurent aux... -
Comme au milieu des mers d'immobiles vaisseaux,
Depuis des milliers d'ans vous dormez dans vos sables,
Et sur vos fronts, pour vous créer impérissables,
La force et le génie ont imprimé leurs sceaux.
Vainement la lumière, en radieux faisceaux,
Pleut sur vous, vos secrets restent insaisissables.
L'antiquité, voyant vos traits ineffaçables,
Croirait...