I
Ô jeune Thyoné, vierge au regard vainqueur,
Aphrodite jamais n'a fait battre ton coeur,
Et des flèches d'Éros l'atteinte toujours sûre
N'a point rougi ton sein d'une douce blessure.
Ah ! si les Dieux jaloux, vierge, n'ont pas formé
La neige de ton corps d'un marbre inanimé,
Viens au fond des grands bois, sous les larges ramures
Pleines de...
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Les prés ont une odeur d'herbe verte et mouillée,
Un frais soleil pénètre en l'épaisseur des bois,
Toute chose étincelle, et la jeune feuillée
Et les nids palpitants s'éveillent à la fois.
Les cours d'eau diligents aux pentes des collines
Ruissellent, clairs et gais, sur la mousse et le thym ;
Ils chantent au milieu des buissons d'aubépines
Avec le vent... -
(Études latines, II)
Tu ne sais point chanter, ô cithare Ionique,
En ton mode amolli doux à la volupté,
Les flots Siciliens rougis du sang Punique,
Numance et son mur indompté.
Ô lyre, tu ne sais chanter que Licymnie,
Et ses jeunes amours, ses yeux étincelants,
L'enjoûment de sa voix si pleine d'harmonie,
Ses pieds si légers et si blancs... -
Les roses d'Ispahan dans leur gaîne de mousse,
Les jasmins de Mossoul, les fleurs de l'oranger
Ont un parfum moins frais, ont une odeur moins douce,
O blanche Leïlah ! que ton souffle léger.
Ta lèvre est de corail, et ton rire léger
Sonne mieux que l'eau vive et d'une voix plus douce,
Mieux que le vent joyeux qui berce l'oranger,
Mieux quel'oiseau... -
Le Roi Sigurd est mort. Un lourd tissu de laine
Couvre, du crâne aux pieds, le Germain au poil blond.
Son beau corps sur la dalle est couché, roide et long ;
Son sang ruisselle, tiède, et la salle en est pleine.
Quatre femmes sont là, quatre épouses de chefs ;
La Franke Gudruna, l'inconsolable veuve,
Et la reine des Huns, errant loin de son fleuve,... -
Les cèdres et les pins, les hêtres, les érables,
Dans leur antique orgueil des siècles respecté,
Haussent de toutes parts avec rigidité
La noble ascension de leurs troncs vénérables
Jusqu'aux dômes feuillus, chauds des feux de l'été.
Sous l'enchevêtrement de leurs vastes ramures
La terre fait silence aux pieds de ses vieux rois.
Seuls, au fond des... -
Bien au delà des jours, des Ans multipliés,
Du vertige des Temps dont la fuite est sans trêve,
Voici ce que j'ai vu, dans l'immuable rêve
Qui me hante, depuis les songes oubliés.
J'errais, seul, sur la Terre. Et la Terre était nue.
L'ancien gémissement de ce qui fut vivant,
Le sanglot de la mer et le râle du vent
S'étaient tus à jamais sous l'... -
Quand l'homme approche enfin des sommets où la vie
Va plonger dans votre ombre inerte, ô mornes cieux !
Debout sur la hauteur aveuglément gravie,
Les premiers jours vécus éblouissent ses yeux.
Tandis que la nuit monte et déborde les grèves,
Il revoit, au delà de l'horizon lointain,
Tourbillonner le vol des désirs et des rêves
Dans la rose clarté de... -
Les lourds rameaux neigeux du mélèze et de l'aune.
Un grand silence. Un ciel étincelant d'hiver.
Le Roi du Hartz, assis sur ses jarrets de fer,
Regarde resplendir la lune large et jaune.
Les gorges, les vallons, les forêts et les rocs
Dorment inertement sous leur blême suaire,
Et la face terrestre est comme un ossuaire
Immense, cave ou plat, ou... -
Gémis, noble Yémen, sous tes palmiers si doux !
Schâmah, lamente-toi sous tes cèdres noirs d'ombre !
Sous tés immenses cieux emplis d'astres sans nombre,
Dans le sable enflammé cachant ta face sombre,
Pleure et rugis, Maghreb, père des lions roux !
Azraël a fauché de ses ailes funèbres
La fleur de Korthobah, la Rose des guerriers !
Les braves ont...