Heureuse fut, Seigneur, cettre troupe choisie
Qui vous vid à ce coup remonter dans les Cieux,
Mais d'un bien plus grand heur est toute ame saisie
Qui des yeux de la foy vous voit ore ez hauts lieux.
Il vous a pleu, mon Christ, tirer de mes ans vieux
Aux loisirs derobez cette humble poësie,
Faites qu'à tout esprit elle donne ces yeux,
Afin que tout...
-
-
J'ay chanté le Combat, la Mort, la sepulture
Du Christ qu'on a comblé de torts injurieux
Je chante sa descente aux antres stygieux
Pour tirer noz ayeulx de leur noire closture.
Je chante (emerveillé) comme sans ouverture
De sa Tombe, il en sort vivant, victorieux,
Je chante son Triomphe : et l'effort glorieux
Dont il guinda là haut l'une et l'autre... -
Aux monarques vainqueurs la rouge cotte d'armes
Appartient justement. Ce roi victorieux
Est justement vêtu par ces moqueurs gens d'armes
D'un manteau, qui le marque et prince, et glorieux.
Ô pourpre, emplis mon test, de ton jus précieux
Et lui fais distiller mille pourprines larmes,
À tant que méditant ton sens mystérieux,
Du sang trait de mes... -
Blanc est le vestement du grand Pere sans age,
Blancs sont les courtisans de sa blanche maison,
Blanc est de son esprit l'étincelant pennage.
Blanche est de son Agneau la brillante toison.
Blanc est le crespe sainct dont (pour son cher blason)
Aux Nopces de l'Agneau l'Espouse s'advantage.
Blanc est or' le manteau, dont par mesme raison,
Cet... -
Le beau Printemps n'a point tant de fueillages verds
L'Hyver tant de glaçons, l'Esté tant de javelles,
Que durant cette nuict le Roy de l'univers
Souffre d'indignitez et de peines nouvelles.
Constant observateur de ses loix eterneles,
Il patit sans jamais rabroüer ces pervers.
Tandis les tons secrets des trompes paterneles
(Non encor entendus)... -
Mais qui vous meut, Seigneur, de sortir à cette heure ?
De passer ce torrent ? de gravir sur ce mont ?
De revoir ce jardin où l'Apostre parjure
Conduit mille assassins pour vous faire un affront ?
Vous fuites l'autre jour pour ne voir vostre front,
Ceint du bandeau Royal : maintenant on conjure
De vous assassiner, et vous estes si prompt
D'aler pour... -
Pardonne, ô saint Prophete, à ma temerité,
Tout autrement que toy j'interprète le songe
Du Roy de Babylon. Tu dis la vérité :
Et ce que je diray ne sera point mensonge.
Ce songe matineux dont le soucy te ronge,
O Monarque jaloux de ton authorité
Ne peut trouver lumiere en son obscurité
Qu'au bois, qui dans le sang de mon Sauveur se plonge.
... -
Il s'en alloit prier quand la Parque complice
Des Hebrieux, pour desja le traicter rudement,
Porte devant les yeux de son entendement,
Les outils rigoreux de son prochain supplice.
Il voit tout ce que doit employer leur malice :
Les cordes, les crachats, le rouge habillement,
Les verges, les halliers, l'honny despoüillement,
La Croix, et tout le... -
L'Oyseau dont l'Arabie a fait si grande feste,
Est de ce grand Heros le symbole asseuré.
Le Phenix est tout seul. Le Christ est figuré
Seul libre entre les morts par son Royal Prophete.
Le Phenix courageux se porte à sa defaite
Sur du bois parfumé : l'Amour demesuré
Fait que Christ a la mort sur ce bois enduré,
Qui parfume le Ciel d'une odeur tres... -
Les Cornettes du Roy volent par la campaigne,
La Croix mysterieuse éclate un nouveau jour,
Où l'Autheur de la chair, de sa chair s'accompaigne
Et fait de son Gibet un Theatre d'Amour.
Là pour nostre rachept, là, pour nostre doctrine
Il tend ores ses mains, tend ses deux pieds aux cloux,
Tandis les cloux d'amour cloüent dans sa poitrine
Son coeur...