Pourrai-je bien sans toi, ma chère guide
Montrer ce jour face sereine et claire ?
Mon oeil qui luit seulement pour te plaire,
Pourra il bien être de pluie vide ?
Si le doux feu de tes rais ne me guide,
Je suis certain de même ruine faire,
Que fut jadis le jeune téméraire,
Qui aux chevaux ardents mal tint la bride.
Ainsi Phébus dolent se...
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Bien que Fortune en haut degré te range
Dessus sa roue, et combien que Nature
Pour t'embellir sur toute créature,
Te fasse luire en cette beauté d'Ange,
Si ne dois-tu dépriser la louange
Que tu reçois de moi, car l'écriture,
Plus que beauté mortelle, beaucoup dure :
L'écrit demeure, et fortune se change.
Crois que vieillesse enfin arrivera... -
Fortune enfin piteuse à mon tourment,
Me fit revoir le soleil de mes yeux,
Alors qu'Amour me traitant encor mieux,
Me fit jouir de mon contentement.
Ô jour heureux, éclairci clairement,
De mon soleil ! ô soleil gracieux,
Saint, et luisant plus que celui des cieux !
Digne de lui en tout le firmament !
Le grand plaisir, que j'eus de toi... -
Je mesurais pas à pas, et la plaine,
Et l'infini de votre cruauté,
Et l'obstiné de ma grand' loyauté
Et votre foi fragile et incertaine.
Je mesurais votre douceur hautaine,
Votre angélique et divine beauté,
Et mon désir trop hautement monté,
Et mon ardeur, votre glace et ma peine.
Et ce pendant que mes affections,
Et la rigueur... -
Narcisse aime sa soeur, sa chère soeur jumelle,
Sa soeur aussi pour lui brûle d'ardeur extrême ;
L'un en l'autre se sent être un second soi-même :
Ce qu'elle veut pour lui, il veut aussi pour elle.
De semblable beauté est cette couple belle,
Et semblable est le feu qui fait que l'un l'autre aime,
Mais la soeur est première à qui la Parque blême
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Plus subtile oeuvre tirée
Ne fut onc de soie ou d'or
Qu'est votre tresse dorée
De beauté riche trésor
Oncq' amour plus sûrement
Ne tendit ses lacs ailleurs
Pour s'y celer cautement
Et surprendre mille coeurs.
La belle douce lumière
Qui luit dessous votre front
Semble l'étoile première
Qui l'ombre de la nuit rompt
Oncques d'... -
Au premier trait, que mon oeil rencontra
Des moins parfaits de sa perfection,
La plus grand part de ma dévotion
Soudainement en elle idolâtra.
Mais quand le son de sa voix pénétra
Dans mon ouïr, l'imagination
Ravissant haut ma contemplation,
Au plus parfait de son parfait entra.
Lors je connus que ce vermeil albâtre,
Pour qui mon... -
L'ardent désir, qui d'espérer m'abuse,
Si bien la voie au penser d'Amour montre,
Que bien souvent devant moi je rencontre
Celle pour qui tant, et tant de pas j'use.
Mais quand ma douce, et cruelle Méduse
Fait à mes yeux de soi si belle montre,
L'esprit vital, d'admirable rencontre
Tout éperdu, son devoir me refuse.
Vraiment aussi point... -
Oeil éloigné du Jour, qui te recrée,
Comme, en l'obscur d'une nuée épaisse
Peux-tu tirer une si vive espèce
D'un corps, non corps, qui vainement se crée ?
Coeur martelé, quelle Éride est entrée
Dedans ton fort ? quelle pâle crainte est-ce,
Qui d'engendrer ta ruine te presse,
Et d'allaiter la fère de Matrée ?
Tourne avec moi, tourne avec... -
Mon âme est en vos mains heureusement étreinte
Du plus gracieux noeud qu'oncq' beauté n'enlaça ;
Une plus douce flèche oncques coeur ne blessa
Que celle qui par vous dedans mon sang est teinte ;
Plus docte poésie en votre esprit est peinte
Qu'oncques sur Iélicon Apollon n'en pensa ;
Un plus illustre rêts oncq' Phébus n'élança
Qu'est celui dont mon coeur...