• Plus subtile oeuvre tirée
    Ne fut onc de soie ou d'or
    Qu'est votre tresse dorée
    De beauté riche trésor
    Oncq' amour plus sûrement
    Ne tendit ses lacs ailleurs
    Pour s'y celer cautement
    Et surprendre mille coeurs.
    La belle douce lumière
    Qui luit dessous votre front
    Semble l'étoile première
    Qui l'ombre de la nuit rompt
    Oncques d'...

  • Au premier trait, que mon oeil rencontra
    Des moins parfaits de sa perfection,
    La plus grand part de ma dévotion
    Soudainement en elle idolâtra.

    Mais quand le son de sa voix pénétra
    Dans mon ouïr, l'imagination
    Ravissant haut ma contemplation,
    Au plus parfait de son parfait entra.

    Lors je connus que ce vermeil albâtre,
    Pour qui mon...

  • L'ardent désir, qui d'espérer m'abuse,
    Si bien la voie au penser d'Amour montre,
    Que bien souvent devant moi je rencontre
    Celle pour qui tant, et tant de pas j'use.

    Mais quand ma douce, et cruelle Méduse
    Fait à mes yeux de soi si belle montre,
    L'esprit vital, d'admirable rencontre
    Tout éperdu, son devoir me refuse.

    Vraiment aussi point...

  • Oeil éloigné du Jour, qui te recrée,
    Comme, en l'obscur d'une nuée épaisse
    Peux-tu tirer une si vive espèce
    D'un corps, non corps, qui vainement se crée ?

    Coeur martelé, quelle Éride est entrée
    Dedans ton fort ? quelle pâle crainte est-ce,
    Qui d'engendrer ta ruine te presse,
    Et d'allaiter la fère de Matrée ?

    Tourne avec moi, tourne avec...

  • Mon âme est en vos mains heureusement étreinte
    Du plus gracieux noeud qu'oncq' beauté n'enlaça ;
    Une plus douce flèche oncques coeur ne blessa
    Que celle qui par vous dedans mon sang est teinte ;
    Plus docte poésie en votre esprit est peinte
    Qu'oncques sur Iélicon Apollon n'en pensa ;
    Un plus illustre rêts oncq' Phébus n'élança
    Qu'est celui dont mon coeur...

  • Quand le désir de ma haute pensée,
    Me fait voguer en mer de ta beauté,
    Espoir du fruit de ma grand' loyauté,
    Tient voile large à mon désir haussée.

    Mais cette voile ainsi en l'air dressée,
    Pour me conduire au port de privauté,
    Trouve en chemin un flot de cruauté,
    Duquel elle est rudement repoussée.

    Puis de mes yeux la larmoyante pluie...

  • J'ai tant crié, ô douce Mort, renverse
    Avec ce corps mon grief tourment sous terre,
    Que je me sens presque finir la guerre
    De l'espérance à mon désir diverse.

    Vois, Dame, vois, que les pleurs que je verse,
    Et les soupirs ardents, que je déserre
    Hors de mon coeur, et le trait qui m'enferre,
    Veulent finir si dure controverse.

    Mes pleurs...

  • Pere divin, sapience eternelle,
    Commencement et fin de toute chose,
    Ou en pourtrait indeleble repose
    De l'Univers l'Idee universelle.

    Voy de tes Raiz la plus belle estincelle
    Qui soit ça-bas en corps humain enclose,
    Que la trop fiere, impiteuse Parque ose
    Tirer du clos de sa cendre mortelle.

    Donq de mon feu pourra la flame claire,
    Qui à...

  • A peine avait seize ans, de la belle Vénus
    Et du Cyllénien la jeune et chère race,
    Quand, au temps que Phébus son plus long chemin trace,
    Dans un fleuve il voulut baigner ses membres nus.

    Mes souhaits, dit Salmace, ore sont advenus.
    Ce disant, elle court, entre en l'eau et l'embrasse,
    La peur saisit le coeur, et la honte la face
    D'Hermaphrodit,...

  • Je fumais tout en mon fort soupirer,
    Si chaudement, que le froid de son coeur
    Se distilla ; et l'ardente vigueur
    Lui fit d'Amour un soupir respirer.

    Mes yeux aussi, coutumiers d'attirer
    A leurs ruisseaux tant de triste liqueur,
    Amollissaient toute dure rigueur,
    Dont me soulait ma dame martyrer.

    Quand comme émue au soin de mon souci,...