• Puisque le gai printemps revient danser et rire,
    Puisque le doux Horace et que le doux Zéphyre
    M'attendent au milieu des prés et des buissons,
    L'un avec des parfums, l'autre avec des chansons,
    Puisque la terre en fleurs semble un tapis de Perse,
    Puisque le vent murmure et dans l'azur disperse
    La brume et la nuée en flottants archipels,
    Il me plaît de...

  • Je t'adore. Soyons deux heureux. Viens t'asseoir
    Dans une ombre qui soit un peu semblable au soir.
    Marchons bien doucement. Sois pensive. Sois lasse.
    Profitons du moment où personne ne passe ;
    Entrons dans le hallier, cachés par les blés mûrs.

    Que ne puis-je élever brusquement quatre murs
    Ici, dans ce coin chaste, et d'un coup de baguette !
    La...

  • Or, nous cueillions ensemble la pervenche.

    Je soupirais, je crois qu'elle rêvait.
    Ma joue à peine avait un blond duvet.
    Elle avait mis son jupon du dimanche ;
    Je le baissais chaque fois qu'une branche
    Le relevait.

    Et nous cueillions ensemble la pervenche.

    Le diable est fin, mais nous sommes bien sots.
    Elle s'assit sous de charmants...

  • J'allais au Luxembourg rêver, ô temps lointain,
    Dès l'aurore, et j'étais moi-même le matin.
    Les nids dialoguaient tout bas, et les allées
    Désertes étaient d'ombre et de soleil mêlées ;
    J'étais pensif, j'étais profond, j'étais niais.
    Comme je regardais et comme j'épiais !
    Qui ? La Vénus, l'Hébé, la nymphe chasseresse.
    Je sentais du printemps l'invisible...

  • Nous étions seuls dans l'ombre et l'extase suprême.
    Elle disait : je t'aime ! et je disais : je t'aime !
    Elle disait : toujours ! et je disais : toujours !
    Elle ajoutait : nos coeurs sont époux, nos amours
    Vaincront la destinée, et rien ne me tourmente,
    Étant, toi le plus fort, et moi, la plus aimante.
    Et moi, je reprenais : la ville est sombre, vois.
    ...

  • Un coup de vent passa, souffle leste et charmant
    Qui fit tourbillonner les jupes follement.
    Je la savais ailée, étoilée, azurée,
    Je l'adorais ; mon âme allait dans l'empyrée
    A sa suite. Oh ! l'amour, c'est tout ; le reste est vain.
    Je ne supposais pas que cet être divin
    Qui m'emportait rêveur si loin de la matière,
    Eût des jambes ; soudain je vis sa...

  • Printemps. Mai le décrète, et c'est officiel.
    L'amour, cet enfer bleu très ressemblant au ciel,
    Emplit l'azur, les champs, les prés, les fleurs, les herbes ;
    Dans les hautes forêts lascives et superbes
    L'innocente nature épanouit son coeur
    Simple, immense, insulté par le merle moqueur.
    La volonté d'aimer règne, surnaturelle,
    Partout. - Comme on s'adore...

  • Que t'importe, mon coeur, ces naissances des rois,
    Ces victoires, qui font éclater à la fois
    Cloches et canons en volées,
    Et louer le Seigneur en pompeux appareil,
    Et la nuit, dans le ciel des villes en éveil,
    Monter des gerbes étoilées ?

    Porte ailleurs ton regard sur Dieu seul arrêté !
    Rien ici-bas qui n'ait en soi sa vanité.
    La gloire fuit à tire...