• Quand près de toi le travail je repose,
    Seule en ce monde image de merveille,
    Du long souci, qui mon penser réveille,
    Et qu'Amour dicte au parler quelque chose,

    Je vois ta face en teint naïf de rose,
    Être à la blanche, ou la rouge pareille,
    Ore pâlir, puis devenir vermeille,
    Tant au changeant ta couleur se dispose.

    Vois que quand l'air...

  • Père du doux repos, Sommeil, père du Songe,
    Maintenant que la nuit, d'une grande ombre obscure,
    Fait à cet air serein humide couverture,
    Viens, Sommeil désiré et dans mes yeux te plonges.

    Ton absence, Sommeil, languissamment allonge
    Et me fait plus sentir la peine que j'endure.
    Viens, Sommeil, l'assoupir et la rendre moins dure,
    Viens abuser mon...

  • Puisque je vois que mes afflictions
    Sont au plus haut degré de leur effort,
    Et que le Ciel conjuré à ma mort
    A tout malheur me guide,
    Regrets, soupirs, plaints, pleurs, et passions,
    Je vous lâche la bride.

    Je n'ai espoir que mon cri entendu
    Puisse adoucir la fière cruauté
    De ma déesse, et dame de beauté,
    Mais ce mal me console,
    Que...

  • A cet anneau parfait en forme ronde,
    Ensemble et toi, et moi, je parangonne.
    La foi le clôt : la foi ne m'abandonne.
    Son teint est d'or : moins que l'or tu n'es blonde.

    S'il est semé de larmes : trop abonde
    L'humeur en moi, qui proie au deuil me donne.
    Si un écrit au dedans l'environne
    Tu m'es au coeur en gravure profonde.

    Sa foi retient...

  • Des yeux auxquels ainsi, qu'en un Trophée
    L'arc, et les traits d'Amour sont amassés :
    Des cheveux d'or, crêpés, et enlacés
    D'une coiffure en fin or étoffée

    Et de la main, qui rendait échauffée
    La volonté des fiers coeurs englacés :
    Et des doux mots doucement prononcés,
    Fut dessus moi victoire triomphée.

    Ô de beauté céleste simulacre...

  • Quand elle vit à la Mort déployer
    L'impiteux trait pour son voisin occire,
    En permettant à la pitié d'élire
    Siège en son coeur, se prit à larmoyer.

    Et tant de traits, qu'Amour vint employer,
    Pour me contraindre en infini martyre
    Mourir toujours, n'ont jamais pu suffire,
    Pour à pitié, tant soit peu, la ployer.

    Bien mille morts, morts de...

  • La haute Idée à mon univers mère,
    Si hautement de nul jamais comprise,
    M'est à présent ténébreuse Chimère.

    Le tout, d'où fut toute ma forme prise,
    Plus de mon tout, de mon tout exemplaire,
    M'est simplement une vaine feintise.

    Ce qui soulait mon imparfait parfaire
    Par son parfait, sa force a retirée,
    Pour mon parfait en imparfait refaire...

  • Pourrai-je bien sans toi, ma chère guide
    Montrer ce jour face sereine et claire ?
    Mon oeil qui luit seulement pour te plaire,
    Pourra il bien être de pluie vide ?

    Si le doux feu de tes rais ne me guide,
    Je suis certain de même ruine faire,
    Que fut jadis le jeune téméraire,
    Qui aux chevaux ardents mal tint la bride.

    Ainsi Phébus dolent se...

  • Bien que Fortune en haut degré te range
    Dessus sa roue, et combien que Nature
    Pour t'embellir sur toute créature,
    Te fasse luire en cette beauté d'Ange,

    Si ne dois-tu dépriser la louange
    Que tu reçois de moi, car l'écriture,
    Plus que beauté mortelle, beaucoup dure :
    L'écrit demeure, et fortune se change.

    Crois que vieillesse enfin arrivera...

  • Fortune enfin piteuse à mon tourment,
    Me fit revoir le soleil de mes yeux,
    Alors qu'Amour me traitant encor mieux,
    Me fit jouir de mon contentement.

    Ô jour heureux, éclairci clairement,
    De mon soleil ! ô soleil gracieux,
    Saint, et luisant plus que celui des cieux !
    Digne de lui en tout le firmament !

    Le grand plaisir, que j'eus de toi...