• Jamais Hector aux guerres n’estoit lâche
    Lors qu’il alloit combattre les Gregeois.
    Tousjours sa femme attachoit son harnois,
    Et sur l’armet luy plantoit son pennache.

    Il ne craignoit la Pelienne hache
    Du grand Achille, ayant deux ou trois fois
    Baisé sa femme, et tenant en ses dois
    Quelque faveur de sa belle Andromache.

    Heureux cent fois toy...

  • Ô qui a jamais veu une barquette telle,
    Que celle où ma maistresse est conduitte sur l'eau ?
    L'eau tremble, et s'esforçant sous se riche vaisseau,
    Semble s'enorgueillir d'une charge si belle.

    On diroit que la nuict à grands troupes appelle
    Les estoiles, pour voir celle, dans le batteau,
    Qui est de nostre temps un miracle nouveau,
    Et que droit sur...

  • Je ne croiray jamais que de Venus sortisse
    Un tel germe que toy. Or ta race j'ay sceu,
    Ô enfant sans pitié : Megere t'a conceu,
    Et quelque louve apres t'a baillé pour nourrisse.

    Petit monstre maling, c'est ta vieille malice,
    Qui te tient acroupi ; aucun ne t'a receu
    Des hommes ny des Dieux que tu n'ayes deceu ;
    Et encor ne se trouve aucun qui te...

  • J'estois prest d'encourir pour jamais quelque blasme,
    De colere eschaufé, mon courage brusloit,
    Ma fole voix au gré de ma fureur branloit,
    Je despitois les Dieux, et encores Madame,

    Lors qu'elle, de loing, jecte un brefuet dans ma flamme :
    Je le sentis soudain comme il me rabilloit,
    Qu'aussi tost devant lui ma fureur s'en alloit,
    Qu'il me rendoit,...

  • Anges, Trônes et Dominations,
    Principaultés, Archanges, Chérubins,
    Inclinez-vous aux basses régions
    Avec Vertus, Potestés, Seraphins,
    Transvolitez des haults cieux cristalins
    Pour decorer la triumphante entrée
    Et la très digne naissance adorée,
    Le saint concept par mysteres tres haults
    De celle Vierge, ou toute grace abonde,
    Decretee par dits...

  • Sequestré pour jamais et du monde et de moy
    Et plus qu'onc esclairci de la douce lumiere
    Dont l'Esprit donne-esprit par faveur singuliere
    Me descouvre, bening, les secrets de la foy,

    Que de divinitez en l'ame je conçoy,
    Voire tant s'elargit sa grandeur familiere
    Que le Ciel il m'octroye en jouissance entiere,
    Et fait que mon Dieu mesme en esprit...

  • Plût-il à Dieu n'avoir jamais tâté
    Si follement le tétin de m'amie !
    Sans lui vraiment l'autre plus grande envie,
    Hélas ! ne m'eût, ne m'eût jamais tenté.

    Comme un poisson, pour s'être trop hâté,
    Par un appât, suit la fin de sa vie,
    Ainsi je vois où la mort me convie,
    D'un beau tétin doucement apâté.

    Qui eût pensé, que le cruel destin
    ...

  • Est-ce à jamais, folle espérance,
    Que tes infidèles appas
    M'empêcheront la délivrance
    Que me propose le trépas ?

    La raison veut, et la nature,
    Qu'après le mal vienne le bien ;
    Mais en ma funeste aventure,
    Leurs règles ne servent de rien.

    C'est fait de moi, quoi que je fasse ;
    J'ai beau plaindre et beau soupirer,
    Le seul remède en ma...

  • Je meure si jamais j'adore plus tes yeux,
    Cruelle dédaigneuse, et superbe Maistresse,
    Si jamais plus, menteur, je fais une Déesse
    D'un subject ennemy de ce qui l'ayme mieux.

    C'est moy qui t'ay logée au plus haut lieu des Cieux,
    Déguisant ton Esté d'une fleur de jeunesse :
    C'est moy qui t'ay doré l'Ebene de ta tresse,
    Faisant de ton seul oeil un...

  • Tu ne me vois jamais, Pierre, que tu ne die
    Que j'étudie trop, que je fasse l'amour,
    Et que d'avoir toujours ces livres à l'entour
    Rend les yeux éblouis et la tête alourdie.

    Mais tu ne l'entends pas : car cette maladie
    Ne me vient du trop lire ou du trop long séjour,
    Ainsi de voir le bureau, qui se tient chacun jour :
    C'est, Pierre mon ami, le livre où...