• Aux rayons de l’ardent soleil de thermidor,
    Sous le riche manteau de ses moissons, la plaine
    Semble assoupie, ainsi qu’une génisse pleine
    Que son labeur épuise et fait souffrir encor.

    Aucun oiseau dans l’air pesant ne prend l’essor ;
    Seuls, planent ça et là de blancs flocons de laine.
    Un zéphyre léger et doux comme une haleine
    Fait onduler les champs...

  • Au pays de mon père on voit des bois sans nombre,
    Là des loups font parfois luire leurs yeux dans l’ombre
    Et la myrtile est noire au pied du chêne vert.
    Noire de profondeur, sur l’étang découvert,
    Sous la bise soufflant balsamiquement dure
    L’eau saute à petits flots, minéralement pure.
    Les villages de pierre ardoisière aux toits bleus
    Ont leur pacage...

  •  
    I

    Dans l’aurore s’éplore un octobre des pierres.
    Le vent vindicatif, après tant de saisons,
    — En des jours gris, des jours de souffrances plénières
    Ébranle la langueur des anciennes maisons
    Dont le front se lézarde en rides de vieillesse.

    Sombres murs avancés en âge ! Vieux logis
    De qui l’âme s’attarde aux rideaux défraîchis,
    Branlants...

  • Les paysages froids sont des chants de Noëls,
    Et les jardins de mai de languides romances
    Qui chantent doucement les péchés véniels
    Et mènent les amants à de douces clémences...
    Les paysages froids sont des chants de Noëls.

    Les bouquets de palmiers et les fleurs de grenades,
    Évaporant dans l'air leurs odorants flacons,
    Donnent, au soir venant, d'...

  • Briques et tuiles,
    O les charmants
    Petits asiles
    Pour les amants !

    Houblons et vignes,
    Feuilles et fleurs,
    Tentes insignes
    Des francs buveurs !

    Guinguettes claires,
    Bières, clameurs,
    Servantes chères
    A tous fumeurs !

    Gares prochaines,
    Gais chemins grands...
    Quelles aubaines,
    Bons juifs-errants !...

  • Quelques vieilles cités déclinantes et seules,
    De qui les clochers sont de moroses aïeules,
    Ont tout autour une ceinture de remparts.
    Ceinture de tristesse et de monotonie,
    Ceinture de fossés taris, d'herbe jaunie
    Où sonnent des clairons comme pour des départs,
    Vibrations de cuivre incessamment décrues ;
    Tandis qu'au loin, sur les talus, quelques...

  • L'air est trois fois léger. Sous le ciel trois fois pur,
    Le vieux bourg qui s'effrite en ses noires murailles
    Ce clair matin d'hiver sourit sous ses pierrailles
    À ses monts familiers qui rêvent dans l'azur...

    Une dalle encastrée, en son latin obscur,
    Parle après deux mille ans d'antiques funérailles.
    César passait ici pour gagner ses batailles,
    Un...