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    I

    Offrons tout ce qu'on doit d'encens, d'honneurs suprêmes
    Aux dieux, à la beauté plus divine qu'eux-mêmes.
    Puisse aux vallons d'Hémus, ou les rocs et les bois
    Admirèrent d'Orphée et suivirent la voix,
    L'Hèbre ne m'avoir pas en vain donné naissance !
    Les Muses avec moi vont connaître Byzance.
    Et si le ciel se prête à mes efforts heureux,...

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    J’ai vu Coigny, Bellone, et la victoire ;
    Ma foible voix n’a pu chanter la gloire :
    J’ai vu la cour ; j’ai passé mon printemps
    Muet aux pieds des idoles du temps :
    J’ai vu Bacchus, sans chanter son délire :
    Du dieu d’Issé j’ai dédaigné l’empire :
    J’ai vu Plutus ; j’ai méprisé sa cour :
    J’ai vu Daphné ; je vais chanter l’amour.

    Toi seul,...

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    Des dons du ciel le plus cher à nos yeux
    Est ce rayon de l’essence des dieux,
    Cet ascendant, ce charme inexprimable,
    Ce trait divin par qui l’homme est aimable,
    Ce don de plaire enfin plus souhaité
    Que n’est l’esprit, plus sûr que la beauté.
    Sur tous nos traits il imprime ses traces ;
    Il donne à tout le coloris des graces,
    Séduit sans art...

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    Vénus, ô toi, déesse d’Epicure,
    Ame de tout, qui remplis la nature,
    Qui, mariant tant d’atomes divers,
    D’un nœud durable enchaînes l’univers ;
    C’est toi qui vis dans tout ce qui respire :
    Mais c’est dans l’homme où siège ton empire.
    Tu descendis au terrestre séjour
    Pour l’animer du sympathique amour.
    Il est des sens émanés de ta flamme,...

  • Qu'il est doux, au retour de la froide saison,
    Jusqu'au printemps nouveau regagnant la maison,
    De la voir devant vous accourir au passage,
    Ses cheveux en désordre épars sur son visage !
    Son oreille de loin a reconnu vos pas :
    Elle vole, et s'écrie, et tombe dans vos bras ;
    Et sur vous appuyée et respirant à peine,
    A son foyer secret loin des yeux vous...

  • Si d'un mot échappé l'outrageuse rudesse
    A pu blesser l'amour et sa délicatesse,
    Immobile il gémit, songe à tout expier.
    Sans honte, sans réserve, il faut s'humilier
    Églé, tombe à genoux, bien loin de te défendre ;
    Tu le verras soudain plus amoureux, plus tendre,
    Courir et t'arrêter, et lui-même à genoux
    Accuser en pleurant son injuste courroux.
    ...

  • Quand l'ardente saison fait aimer les ruisseaux,
    A l'heure où vers le soir, cherchant le frais des eaux,
    La belle nonchalante à l'ombre se promène,
    Que sa bouche entr'ouverte et que sa pure haleine
    Et son sein plus ému de tendresse et de voeux
    Appellent les baisers et respirent leurs feux ;
    Que l'amant peut venir, et qu'il n'a plus à craindre
    La raison...

  • Ainsi le jeune amant, seul, loin de ses délices,
    S'assied sous un mélèze au bord des précipices,
    Et là, revoit la lettre où, dans un doux ennui,
    Sa belle amante pleure et ne vit que pour lui.
    Il savoure à loisir ces lignes qu'il dévore ;
    Il les lit, les relit et les relit encore,
    Baise la feuille aimée et la porte à son coeur.
    Tout à coup de ses doigts...