• Quand, les temps accomplis, sous les faisceaux romains
    Mourante, se tordait la cité de Minerve,
    (Car, splendeur, et génie, et grâce, tout s’énerve !)
    On la vit vers le ciel tendre ses blanches mains ;

    Remplissant ses palais, le port et les chemins
    De soupirs cadencés, que l’avenir conserve ;
    Et la muse, qui tient les grands pleurs en réserve,
    Pleura...

  • Il est de tristes fleurs qui fleurissent fanées,
    Aux crevasses des murs, sur les tours ruinées ;
    Le soleil les accable, et le vent orageux
    Les déchire, cruel comme nous dans ses jeux.
    On les voit cependant, qui se pressent d’éclore,
    Comme si dans leur sein devait pleurer l’aurore ;
    Comme si la bergère, en l’effeuillant, un jour,
    Y devait consulter l’...

  • Quand sous son déïcide et Titus en fureur,
    Jérusalem maudite eut fermé sa paupière,
    Sans que du temple saint restât pierre sur pierre,
    Le corps seul succomba, trop juste objet d’horreur.

    Mais d’une autre existence un souffle avant-coureur,
    L’âme se dégagea de cette immense bière.
    La nouvelle Sion put revivre en saint Pierre ;
    Le Pape enfin bénit où...

  • « Comment mourra Paris ? quels insolents hasards
    Oseraient, ce géant, le renverser sur l’herbe ?
    Paris qui, d’âge en âge, a noué dans sa gerbe
    Les éparses moissons d’Athène et des Césars !

    » Lui, palais des palais, et bazars des bazars ;
    Le cerveau de l’Europe, et la grâce superbe,
    Paris, l’ardent foyer, Paris, la cité-verbe,
    Le trône de la guerre et...

  • Mon Dieu ! toi qui sais tout, oh ! ne m’ordonne pas
    D’atteindre aux sombres jours de la froide vieillesse ;
    De voir mon corps s’user, et tomber pièce à pièce,
    Et la destruction me gagner pas à pas ;
    D’être un morne objet d’épouvante,
    ...

  • Quand la Rome d’orgie, après le moindre choc,
    Tombait de pourriture, ayant au cœur son chancre,
    Ou comme un vieux vaisseau, désarmé de son ancre,
    Sur une mer de sang sombrait de roc en roc ;

    Guettant mourir la ville, enfoui sous son froc,
    Un sale Juif, avec ses maigres doigts de cancre,
    Mêlait, broyait le fiel et la fange au lieu d’encre,
    Pour...

  • Comme un poison subtil redoutons la pensée.
    Moi, si j’avais vingt fils, ils auraient vingt chevaux
    Qui, sous les grands soleils ou la bise glacée,

    Les emportant joyeux, et par monts et par vaux,
    Devanceraient la flèche et l’oiseau dans leurs courses :
    Ils n’entendraient jamais parler de leurs cerveaux ;

    La matière partout leur créerait des ressources,...

  • De l’horrible penser, suis-je un moment vainqueur,
    L’espoir de tous côtés, rentre à flots dans mon cœur.
    Alors les beaux projets, les fêtes de famille,
    Les lectures, les jeux, le soir sous la charmille,
    Les déjeuners au bois, avec quelques voisins,
    Dont les enfants, porteurs d’un panier de raisins,
    Vont, par l’anse d’osier, le suspendre à la selle
    D’un...