A Mlles Letellier de Saint-Just
En amont de Québec, on fait la découverte
D'un pavillon tout blanc coquettement posé
Sur l'angle à pic d'un roc au long flanc ardoisé,
Et donc la large épaule est de grands pins couverte.
Plus loin, s'il plonge un peu sur le sommet boisé,
L'oeil aperçoit, au fond d'une clairière verte,
Une altière villa dont la...
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Le givre étincelant, sur les carreaux gelés,
Dessine des milliers d'arabesques informes ;
Le fleuve roule au loin des banquises énormes ;
De fauves tourbillons passent échevelés.
Sur la crête des monts par l'ouragan pelés,
De gros nuages lourds heurtent leurs flancs difformes ;
Les sapins sont tout blancs de neige, et les vieux ormes
Dressent dans... -
Cela forme deux rangs de massifs promontoires,
Gigantesque crevasse ouverte, aux premiers jours,
Par quelque cataclysme, et qu'on croirait toujours
Prête à se refermer ainsi que des mâchoires.
Au pied de caps à pic dressés comme des tours,
Le Saguenay profond roule ses ondes noires ;
Parages désolés pleins de mornes histoires,
Fleuve mystérieux... -
Le jour de son mariage
Le bonheur de la vie est un fatal problème
Que pour résoudre il faut, son tour venu, savoir,
Comme un hardi joueur, jeter tout son avoir,
Nom, honneur, avenir, sur la carte suprême.
Ce jour aux lendemains que nul ne peut prévoir,
C'est celui qu'on choisit pour dire : - Je vous aime !
A celle qui, changée en un autre vous... -
A M. et Mme C.P***
O mes chers vieux amis, à l'époque trop brève,
Et pour moi disparue, hélas ! depuis longtemps,
Où l'on voit devant soi l'avenir qui se lève
Comme un soleil joyeux sur l'azur du printemps ;
Quand j'étais jeune, enfin, j'avais fait ce doux rêve
D'une existence entière - oui, de tous les instants -
Aube sans lendemain qui... -
Quand la nuit tombe, - au bord secret des étangs clairs,
Où le flot balancé dans son urne trop pleine
Inonde vaguement de ses pâles éclairs
Un fouillis d'ajoncs verts qui tremble à chaque haleine, -
Avez-vous entendu - voix d'ange ou de sirène -
Animant tout à coup l'ombre des bois déserts,
D'un rossignol ému la cantate sereine
S'élever lentement... -
A Mlle N***
Je connais un petit ange
Lequel n'a jamais mouillé
Sa blanche robe à la fange
Dont notre monde est souillé.
C'est lui qui donne le change
Au pauvre coeur dépouillé
Que l'amour, vautour étrange,
D'un bec cruel a fouillé.
Cet ange, qui vous ressemble,
Sous son aile nous rassemble
C'est la divine Amitié.... -
C'est Paris, saluons la grande capitale
Où tout ce qu'on rêva se trouve réuni ;
Où merveille partout sur merveille s'étale,
Antique Eden par l'art sans cesse rajeuni.
Eloignons-nous un peu de la ville centrale ;
Et sur ce seuil discret, élégant et béni,
Laissons nos murs émus battre la générale
Nous sommes au dix sept, boulevard Fortuny.
... -
L'atmosphère dort, claire et lumineuse ;
Un soleil ardent rougit les houblons ;
Aux champs, des monceaux de beaux épis blonds
Tombent sous l'acier de la moissonneuse.
Sonore et moqueur, l'écho des vallons
Répète à plaisir la voix ricaneuse
Du glaneur qui cherche avec sa glaneuse,
Pour s'en revenir, des sentiers plus longs.
Tout à coup... -
A vingt ans, poète aux abois,
Quand revenait la saison rose,
J'allais promener sous les bois
Mon coeur morose.
A la brise jetant, hélas !
Le doux nom de quelque infidèle,
Je respirais les frais lilas
En rêvant d'elle.
Toujours friand d'illusions,
Mon coeur, que tout amour transporte,
Plus tard à d'autres visions
Ouvrit sa porte...