• J’allai donc de mon pas rapide,
    Interwiever, pour mon journal,
    Flammarion, notre intrépide
    Astronome national.

    L’heure me semblait opportune.
    C’était le soir. Je le trouvai
    En train de farfouiller la Lune
    De son télescope éprouvé.

    Avec une grâce parfaite
    Il m’accueillit : « Ah ! ah ! fit-il,
    Vous venez encor pour… la fête ?
    ...

  • Oh ! ce n’est pas la bacchanale
    De la Fête nationale,
    Avec des pistons, des tambours,
    Non plus de lampions, de palmes,
    C’est une fête des plus calmes,
    Sans bastringues dans les faubourgs.

    Cette fête n’est pas mobile.
    Elle est carrément immobile.
    Chaque saison elle revient,
    Soit en ces mois de pur opprobre,
    Janvier, avril, juillet,...

  • Aube joyeuse et joli gel,
    Toute la ville est cristalline
    Et se pare comme un autel :
    Termonde, Alost, Lierre, Malines.

    Ouates, flocons, mousses, linons,
    La neige a chu par avalanches ;
    Si purs et nets sont les pignons,
    Que l’on dirait des nonnes blanches.

    La couche des glaçons vitreux
    Couvre les quais et leurs eaux noires,
    Et les...

  • Rentre. Je ne vois plus ton visage. Rentrons.
    Il est trop tard déjà pour s’asseoir au perron
    Où la mousse est humide et la pierre mouillée.
    La serrure tend à nos mains sa clef rouillée ;
    La porte s’ouvrira toute grande pour nous
    Avec un bruit d’accueil que le soir fait plus doux ;
    Plus tard le gond rétif et le loquet rebelle
    Grinceraient, car toute...

  • Londe porte le poids des feuilles en détresse.
    Elles flottent au fil du courant… L’air est doux…
    Allons à la dérive… Errons, ô ma Maîtresse,
    Languissamment, au gré du fleuve ardent et roux.

    Le fleuve ensanglanté des feuilles en détresse
    ...

  •  
    Le soleil maintenant allonge son parcours ;
    L’aube plus tôt sourit aux bois impénétrables ;
    Mais l’air est toujours vif, l’autan rugit toujours
    Parmi les rameaux nus et glacés des érables.

    L’avalanche sans fin croule du ciel blafard ;
    Nos toits tremblent au choc incessant des tempêtes.
    Cependant à travers bise, neige, brouillard,
    Nous formons...

  • La plaine, au loin, est uniforme et morne
    Et l’étendue est veule et grise
    Et Novembre qui se précise
    Bat l’infini, d’une aile grise.

    De village en village, un vent moisi
    Appose aux champs sa flétrissure ;
    L’air est moite ; le sol, ainsi
    Que pourriture et bouffissure.

    Sous leurs torchis qui se lézardent,
    Les chaumières,...

  •  
    Vents, dénouez mes longs cheveux
    Et brûlez-en mes amoureux.

    Mouillez mes mains, fraîche rosée,
    Et qu’aussitôt mille désirs
    Se rassemblent pour les saisir
    Quand je les tends de ma croisée.

     
    ...

  • Saint Laurent fut un grand martyr.
    Les païens le firent rôtir
    Hélas ! comme une simple viande,
    Ou mieux, le mirent sur le gril.
    Ce dont il ne fut guère aigri,
    Car, si l’on en croit la légende,

    Il aurait même plaisanté.
    Se trouvant trop cuit d’un côté,
    Au bout de cinq à six minutes.
    Il dit : « Messieurs, retournez-moi,
    Sinon, je...

  • Vous avez votre absinthe. Il s’agit de la faire.
    Ce n’est pas, croyez-moi,
    Comme pense un vain peuple, une petite affaire,
    Banale et sans émoi.

    Il ne faut pas avoir ailleurs l’âme occupée.
    ...