Elle est si douce la pensée
Qu’il faut, pour en sentir l’attrait,
D’une vision commencée
S’éveiller tout à coup distrait.

Le cœur...

 
A Rome, le mardi, se rendent au marché,
Pour vendre leur poisson dans le Tibre péché,
Les grands paysans bruns et les filles trapues.
Ils ont fait leur abri de deux voûtes rompues,
Dont l’une dans sa chute a longtemps hésité,
Et par un vieil instinct de sa...

 
Le poète naïf, qui pense avant d’écrire,
S’étonne, en ce temps-ci, des choses qui font rire.
Au théâtre parfois il se tourne, et, voyant
La gaîté des badauds qui va se déployant,
Pour un plat calembour, des loges au parterre,
Il se sent tout à coup tellement...

 
Soudain je t’ai si fort pressée
Pour sentir ton cœur bien à moi,
Que je t’en ai presque blessée,
Et tu m’as demandé pourquoi.

Un mot, un rien, m’a tout à l’heure
Fait étreindre ainsi mon trésor,
Comme, au moindre vent qui l’effleure,
L’avare en...

 
Vrai Dieu, si quelque part dans un monde écarté
J’eusse grandi tout seul, nourri par une chèvre,
Sans maîtres, bégayant du cœur et de la lèvre,
Par l’esprit et les yeux épelant la clarté,

J’aurais pu dans tes bras jouir en liberté
Des robustes plaisirs dont...

 
Nous aimons à rôder sur la place Navone.
Ah ! le pied n’y bat point l’asphalte monotone,
Mais un rude pavé, houleux comme une mer.
Des maraîchers y font leurs tentes tout l’hiver,
Et les enfants, l’été, s’ébattent dans l’eau, bleue,
Sous le triton qui tient...

 
Au mois de novembre, à midi,
Je foulais cette large place
Au sol vague, formant terrasse
Sur la campagne à l’infini.

A gauche, un aqueduc s’allonge
Par-dessus les plis du désert
Et dans les montagnes se perd
Aussi loin que le regard plonge ;...

 
Il pleut. J’entends le bruit égal des eaux ;
Le feuillage, humble et que nul vent ne berce,
Se penche et brille en pleurant sous l’averse ;
Le deuil de l’air afflige les oiseaux.

La bourbe monte et...

 
Depuis que la beauté, laissant tomber ses charmes,
N’a plus offert qu’un marbre à mon désir vainqueur ;
Depuis que j’ai senti mes plus brûlantes larmes
             Rejaillir froides à mon cœur ;

A présent que j’ai vu la volupté malsaine
Fléchir tant de...

 
Il est au bord du Tibre un chaos de bâtisses
Plus noires au soleil que les cyprès la nuit,
Et qui, plongeant leur pied dans l’eau jaune qui fuit,
Y trempent constamment leur frange d’immondices.
Une gargouille en sort, et, le long du gros mur,
A creusé dans...