• J'aime bien le savoir, bien que je n'aime à lire,
    J'aime beaucoup la guerre et la douce santé,
    J'aime les bons chevaux, qui ont de la beauté,
    J'aime le doux repos, j'aime à chanter et rire.

    J'aime bien à moquer, un petit à médire,
    - Ne disant toutefois que toute vérité -
    J'aime l'honnête habit, j'aime la propreté,
    J'aime bien à voguer dessus un fort...

  • S'habiller bravement, s'ombrer de fards menteurs,
    D'un mauvais mot nous feindre une éloquence,
    Apprendre à bégayer, n'aller qu'à révérence,
    Et n'être aucunement sans servants serviteurs,

    Recevoir le poulet, le plumer par humeurs,
    Porter un éventail qui sert de contenance,
    Avoir plus d'appareil que de vraie contenance,
    Et hiéroglyphiquer en...

  • Si l'amour ne paraît à mes désirs constant,
    Il n'en faut s'étonner. Le monde est variable,
    Toute chose ici-bas est mouvante et muable,
    Tout se change et rechange en un même instant.

    Il n'est rien qui ne soit gouverné par le vent.
    Le seul vent nous dispose, et au lit nous accable ;
    Du vent nous recevons le beau temps désirable,
    Et la fâcheuse pluie...

  • Qu'en dites-vous, mon Coeur ? Je vous prie de le dire.
    Quoi ? vous rêvez, ce semble, ô quelle étrange humeur !
    Mais ce beau teint changeant m'avant-court un bonheur,
    Et ce vent tremblotant qui doucement soupire.

    Las ! ce bel oeil baissé, dont le jour se retire,
    Pourrait bien messager quelque étrange douceur :
    Non, ce souris bénin présage une douleur,...

  • Afin qu'amour-oiseau ne soit plus si volage,
    Je veux qu'il ait la forme ores d'un Papillon,
    Il en sera plus gai, plus mignard, plus mignon,
    Plus céleste, éveillé, plus reluisant, plus sage.

    Il ne sera plus triste, étrangement sauvage,
    Mais joyeux, mais privé, toujours beau, toujours bon,
    Immortel, renaissant en la prime saison,
    Bien humble,...

  • Ha Dieu ! que j'ai de bien alors que je baisotte
    Ma jeune folion dedans un riche lit
    Ha Dieu ! que j'ai de bien en ce plaisant conflit,
    Perdant mon plus beau sang par une douce flotte.

    Ha Dieu ! que j'ai de bien lorsque je la mignotte,
    Lorsque je la chatouille, et lorsqu'elle me rit.
    Ha Dieu ! que j'ai de bien quand j'entends qu'elle dit
    D'une...

  • Je voudrais bien, pour m'ôter de misère,
    Baiser ton oeil - bel Astre flamboyant.
    Je voudrais bien de ton poil ondoyant
    Nouer un noeud qui ne se pût défaire,

    Je voudrais bien ta bonne grâce attraire,
    Pour me jouer un jour à bon esciant,
    Je voudrais bien manier ce friant :
    Aux appétits de mon désir contraire.

    Je voudrais bien faire encore...

  • Comme un corps féminin que la mère Nature
    N'a point favorisé de présent gracieux
    S'efforce vainement, d'un art industrieux,
    A vouloir déguiser sa première figure,

    Ainsi l'illustre honneur par qui ma vie endure,
    Sans être atteint du dard du premier né des dieux,
    S'ombre inutilement pour complaire à mes yeux,
    Car la bonne amitié n'a point de...

  • M'amour, tu as trahi ma jeunesse peu caute.
    Je brûle t'oeilladant, certes je n'en puis plus !
    Vois ma couleur changeante et vois mes sens émus,
    Je suis près du péril de l'agréable faute.

    Je ne quiers si tu es papiste ou huguenote,
    Amour n'a point de loi. Malheureux sont tenus
    Ceux qui ne sont sujets de la belle Vénus,
    Qui fuit l'ombre d'honneur...

  • Quand viendra l'heureux temps que je sacrifiré
    Mon corps sur votre autel que saint Désir dédie,
    Que j'épandrai mon sang en mémoire infinie
    D'avoir par une erreur si longtemps soupiré ?

    Quand viendra l'heureux jour que je vous offriré
    Un bénit cierge ardent avec cérémonie,
    Étant à deux genoux près de vous accomplie,
    Afin d'avoir pitié de mon coeur...