• Enfant ! si j'étais roi, je donnerais l'empire,
    Et mon char, et mon sceptre, et mon peuple à genoux
    Et ma couronne d'or, et mes bains de porphyre,
    Et mes flottes, à qui la mer ne peut suffire,
    Pour un regard de vous !

    Si j'étais Dieu, la terre et l'air avec les ondes,
    Les anges, les démons courbés devant ma loi,
    Et le profond chaos aux entrailles...

  • Janvier est revenu. Ne crains rien, noble femme !
    Qu'importe l'an qui passe et ceux qui passeront !
    Mon amour toujours jeune est en fleur dans mon âme ;
    Ta beauté toujours jeune est en fleur sur ton front.

    Sois toujours grave et douce, ô toi que j'idolâtre ;
    Que ton humble auréole éblouisse les yeux !
    Comme on verse un lait pur dans un vase d'albâtre,...

  • Marbre de Paros

    Un jour, au doux rêveur qui l'aime,
    En train de montrer ses trésors,
    Elle voulut lire un poème,
    Le poème de son beau corps.

    D'abord, superbe et triomphante
    Elle vint en grand apparat,
    Traînant avec des airs d'infante
    Un flot de velours nacarat :

    Telle qu'au rebord de sa loge
    Elle brille aux Italiens,
    ...

  • Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume,
    Le ciel mêlait aux ors le cristal et l'airain.
    Ton corps se devinait, ondoiement incertain,
    Plus souple que la vague et plus frais que l'écume.
    Le soir d'été semblait un rêve oriental
    De rose et de santal.

    Je tremblais. De longs lys religieux et blêmes
    Se mouraient dans tes mains, comme des cierges froids...

  • Une femme est l'amour, la gloire et l'espérance ;
    Aux enfants qu'elle guide, à l'homme consolé,
    Elle élève le coeur et calme la souffrance,
    Comme un esprit des cieux sur la terre exilé.

    Courbé par le travail ou par la destinée,
    L'homme à sa voix s'élève et son front s'éclaircit ;
    Toujours impatient dans sa course bornée,
    Un sourire le dompte et son...