Tel que Delphes l'a vu quand, Thymos le suivant,
Il volait par le stade aux clameurs de la foule,
Tel Ladas court encor sur le socle qu'il foule
D'un pied de bronze, svelte et plus vif que le vent.
Le bras tendu, l'oeil fixe et le torse en avant,
Une sueur d'airain à son front perle et coule ;
On dirait que l'athlète a jailli hors du moule,
Tandis que...
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Pour me conduire au Raz, j'avais pris à Trogor
Un berger chevelu comme un ancien Évhage ;
Et nous foulions, humant son arome sauvage,
L'âpre terre kymrique où croît le genêt d'or.
Le couchant rougissait et nous marchions encor,
Lorsque le souffle amer me fouetta le visage ;
Et l'homme, par-delà le morne paysage
Étendant un long bras, me dit :... -
Seigneur de Rimini, Vicaire et Podestà.
Son profil d'épervier vit, s'accuse ou recule
A la lueur d'airain d'un fauve crépuscule,
Dans l'orbe où Matteo de' Pastis l'incrusta.
Or, de tous les tyrans qu'un peuple détesta,
Nul, comte, marquis, duc, prince ou principicule,
Qu'il ait nom Ezzelin, Can, Galéas, Hercule,
Ne fut maître si fier que le... -
I
Midi. L'air brûle et sous la terrible lumière
Le vieux fleuve alangui roule des flots de plomb ;
Du zénith aveuglant le jour tombe d'aplomb,
Et l'implacable Phré couvre l'Égypte entière.
Les grands sphinx qui jamais n'ont baissé la paupière,
Allongés sur leur flanc que baigne un sable blond,
Poursuivent d'un regard mystérieux et long
... -
L'âcre senteur des bois montant de toutes parts,
Chasseresse, a gonflé ta narine élargie,
Et, dans ta virginale et virile énergie,
Rejetant tes cheveux en arrière, tu pars !
Et du rugissement des rauques léopards
Jusqu'à la nuit tu fais retentir Ortygie,
Et bondis à travers la haletante orgie
Des grands chiens éventrés sur l'herbe rouge épars.
... -
Ecce villicus Venit...
CATULLE.
Holà, maudits enfants ! Gare au piège, à la trappe,
Au chien ! Je ne veux plus, moi qui garde ce lieu,
Qu'on vienne, sous couleur d'y quérir un caïeu
D'ail, piller mes fruitiers et grappiller ma grappe.
D'ailleurs, là-bas, du fond des chaumes qu'il étrape,
Le colon vous épie, et, s'il vient, par mon pieu !... -
Ce soir, au réduit sombre où ronfle l'athanor,
Le grand feu prisonnier de la brique rougie
Exalte son ardeur et souffle sa magie
Au cuivre que l'émail fait plus riche que l'or.
Et sous mes pinceaux naît, vit, court et prend l'essor
Le peuple monstrueux de la mythologie,
Les Centaures, Pan, Sphinx, la Chimère, l'Orgie
Et, du sang de Gorgo, Pégase... -
Vieux Maître Relieur, l'or que tu ciselas
Au dos du livre et dans l'épaisseur de la tranche
N'a plus, malgré les fers poussés d'une main franche,
La rutilante ardeur de ses premiers éclats.
Les chiffres enlacés que liait l'entrelacs
S'effacent chaque jour de la peau fine et blanche ;
A peine si mes yeux peuvent suivre la branche
De lierre que tu... -
A Gustave Moreau.
En un calme enchanté, sous l'ample frondaison
De la forêt, berceau des antiques alarmes,
Une aube merveilleuse avivait de ses larmes,
Autour d'eux, une étrange et riche floraison.
Par l'air magique où flotte un parfum de poison,
Sa parole semait la puissance des charmes ;
Le Héros la suivait et sur ses belles armes
Secouait... -
L'homme a conquis la terre ardente des lions
Et celle des venins et celle des reptiles,
Et troublé l'Océan où cinglent les nautiles
Du sillage doré des anciens galions.
Mais plus loin que la neige et que les tourbillons
Du Ström et que l'horreur des Spitzbergs infertiles,
Le Pôle bat d'un flot tiède et libre des îles
Où nul marin n'a pu hisser ses...