• Si onc j'eus droit, or j'en ay de me plaindre :
    Car qui voudroit que je fusse content
    Estant loing d'elle ? Et je ne sçay pourtant,
    En estant pres, si mon mal seroit moindre.

    Ou pres, ou loing, le mal me vient atteindre ;
    J'ay beau fuir, en tous lieux il m'attend
    Pres, un vif mal ; et puis, loing d'elle estant,
    Une langueur, autant ou plus à...

  • Quand tes yeux conquerans estonné je regarde,
    J'y veoy dedans à clair tout mon espoir escript ;
    J'y veoy dedans Amour luy mesme qui me rit,
    Et m'y monstre, mignard, le bon heur qu'il me garde.

    Mais, quand de te parler par fois je me hazarde
    C'est lors que mon espoir desseiché se tarit ;
    Et d'avouer jamais ton oeil, qui me nourrit,
    D'un seul mot de...

  • Quoy ? qu'est ce ? ô vans, ô nuës, ô l'orage !
    A point nommé, quand moy d'elle aprochant,
    Les bois, les monts, les baisses vois tranchant,
    Sur moy, d'aguest, vous passez vostre rage.

    Ores mon coeur s'embrase d'avantage.
    Allez, allez faire peur au marchant
    Qui dans la mer les thresors va cherchant :
    Ce n'est ainsi qu'on m'abbat le courage.

    ...

  • Si contre Amour je n'ay autre deffence,
    Je m'en plaindray, mes vers le maudiront,
    Et apres moy les roches rediront
    Le tort qu'il faict à ma dure constance.

    Puis que de luy j'endure cette offence,
    Au moings tout haut, mes rithmes le diront,
    Et nos neveus, a lors qu'ilz me liront,
    En l'outrageant, m'en feront la vengeance.

    Ayant perdu tout l'...

  • Ce n'est pas moy que l'on abuse ainsi :
    Qu'à quelque enfant, ces ruzes on emploie,
    Qui n'a nul goust, qui n'entend rien qu'il oye :
    Je sçay aymer, je sçay hayr aussi.

    Contente toy de m'avoir jusqu'ici
    Fermé les yeux ; il est temps que j'y voie,
    Et que meshui las et honteux je soye
    D'avoir mal mis mon temps et mon souci.

    Oserois tu, m'...

  • Jà reluisoit la benoiste journee
    Que la nature au monde te devoit,
    Quand des thresors qu'elle te reservoit
    Sa grande clef te feust abandonnee.

    Tu prins la grace à toy seule ordonnee,
    Tu pillas tant de beautez qu'elle avoit,
    Tant qu'elle fiere, a lors qu'elle te veoit,
    En est par fois elle mesme estonnee.

    Ta main de prendre en fin se...

  • A la reine de Navarre, duchesse d'Alençon.

    Par cette épître en style rude écrite,
    Princesse illustre, ô reine Marguerite,
    Puisque plus loin ne t'ont pu convoyer,
    Humble salut te veulent envoyer,
    Ceux qui pour toi ont dit mainte chanson,
    Les rossignols de ton Parc d'Alençon.
    Ô quelle joie ! ô quel plaisir nous vint
    Quand jusqu'à nous la...

  • Dieu te gard donc, mon petit fils René !
    Adieu mon fils aussitôt mort que né!
    Dieu gard mon fils venant sur terre ronde !
    Adieu mon fils départant de ce monde !
    Tu n'as encor le lait bien savouré,
    Tu n'as encor le tien pere honoré,
    Tu ne connois ni peines ni liesses,
    Et loin de nous, tu t'en vas et nous laisses.
    Tu n'as encore une seule semaine,
    ...

  • On en voit trop qui, nouveaux mariés,
    N'ont dix écus en leur bourse liés ;
    Mais avec temps, amour et loyauté,
    Acquièrent biens et richesse à planté.
    Petit bien croît par amour et concorde.
    Grand bien périt par haine et par discorde.
    L'on voit souvent le pauvre vertueux
    Haut élevé, le riche somptueux,
    Tôt abattu, et mis en décadence,
    Ou par...

  • On a beau dire et beau dissimuler,
    Femme qui prend ne peut plus reculer.
    Car Penses-tu que les jeunes et vieux
    Te font ainsi présent pour tes beaux yeux ?

    Certes ainsi que le juge qui prend,
    Contre le droit, il offense et méprend,
    Et sa constance et sentence il renverse.
    Justice vend et justice n'exerce :
    Ni plus ni moins, c'est lin point...