• Haute beauté dans une humble pucelle,
    Un beau parler plein de grave douceur,
    Sous blondz cheveux un avantchenu cueur,
    Un chaste sein ou la vertu se cele :

    En corps mortel une grace immortelle,
    En douceur fiere une douce rigueur,
    Eu sage esprit une gaye vigueur,
    En ame simple une sage cautele :

    Et ces beaux yeux mouveurs de mes ennuis,...

  • Metz moy au bord d'ou le soleil se léve,
    Ou pres de l'onde ou sa flamme s'esteint,
    Metz moy aux lieux que son rayon n'ateint,
    Ou sur le sable ou sa torche est trop gréve.

    Metz moy en joye ou douleur longue ou breve,
    Liberté franche, ou servage contreint,
    Mets moy au large, ou en prison retreint.
    En asseurance ou doute, guerre ou trêve.

    ...

  • Or voy-je bien qu'il faut vivre en servage,
    A dieu ma liberté :
    Dans les liens de l'amoureux cordage
    Je demeure arresté.
    J'ay conoissance
    De la puissance
    D'une maistresse,
    Qu'Amour adresse.
    Ô combien peut sur nous une beauté !

    J'ay veu le temps que l'on me disoit : Garde
    Amour te punira ;
    Tu ris de luy, tu ris, mais quoy qu'il...

  • Vien ça, vien friandelette,
    Vien qu'en esbas amoureux
    Ce beau printemps vigoureux,
    Ma belle Francinelette,
    Nous passions libres de soin,
    " Loin des peines importunes,
    " Qui volontiers ne sont loin
    " Des plus hautaines fortunes.

    Il n'est rien, qui ne convie
    A suyvre la gayeté,
    A toute joliveté,
    A toute joieuse vie.
    Il n'est...

  • Babillarde, qui toujours viens
    Le sommeil et songe troubler
    Qui me fait heureux et content,
    Babillarde aronde, tais-toi.

    Babillarde aronde, veux-tu
    Que de mes gluaux affutés
    Je te fasse choir de ton nid ?
    Babillarde aronde, tais-toi.

    Babillarde aronde, veux-tu
    Que coupant ton aile et ton bec
    Je te fasse pis que Térée ?
    ...

  • Sire, en ton courroux ne me viens convaincre du forfait :
    Non ne me viens châtier en ta bouillante fureur.

    Miséricorde de moi, Seigneur, car faible je languis.
    Ô, guéris moi, Seigneur : j'ai tous mes os étonnés.

    Même mon âme se trouble de peur, tremblante dedans moi
    Fort étonnée. Mais toi Sire jusques à quand ?

    Change d'avis, et te tourne,...

  • Depuis le jour que mon ame fut prise
    Par tes doux feuz traitrement gratieux,
    Un seul doux trait jusqu'ici de tes yeux
    N'avoyt ta grace a mon ardeur promise :

    Elle aujourdhuy, par longue usance aprise
    De se nourrir en travaux soucieux,
    M'a quitté presque au goust delitieux
    D'un nouveau bien, dont ton oeil l'a surprise.

    Ô gaye oeillade,...

  • Ce n'est point la paquerete,
    La marguerite, le lis,
    L'oeillet ny la violete,
    La fleur où mon coeur j'ay mis.

    J'aime entre les fleurs la rose,
    Car elle porte le nom
    D'une qui mon ame a close
    A toute autre affection.

    La rose entre les fleurétes
    Gagne l'honeur et le pris :
    Parféte entre les parfétes
    Est la Rose qui m'a pris....

  • D'un chapeau qui fleuronne
    La rose on ne couronne,
    Tes atours en ce point
    Ne te reparent point :
    Mais ce sont les parures
    De tes belles vetures
    Les luysantes beautez
    En toy de tous costez :
    Les pierres precieuses,
    Les robes somptueuses,
    En tes acoustrements
    Perdent leurs ornements.
    Aucun coral n'aprouche
    Du naïf de ta...

  • Tu me desplais, quoy que belle tu soys,
    Tu me desplais, croy moy, je le confesse,
    Et, bien qu'a moy tu desplaises, sans cesse
    Je suy contreint ton amour toutesfoys.

    Ton doulx regard, ta plus qu'humaine voix,
    Ton port divin, tes graces, ma Deesse,
    Me font t'aimer, mais ceste amour me laisse
    Par la fierté, dont meurdrir tu me doys.

    Ainsi...