• Le Phenix ja chargé de chair, et de vieillesse
    Amoureux d'une mort, qui meure de plaisir,
    Vole aux montz les plus hauts pour mill' odeurs choisi
    Don en apres son lict, du lict sa tombe il dresse.

    Là de douceur, il meurt, ains que sa mort le presse,
    Et faisant de sa cendre, un vermillon jaillir,
    Ses plumes il reprend, et son premier desir
    D'estendre...

  • Si Cacus le rusé voleur
    Eût été plus méchant,
    Oluire, je te peindrais de sa couleur,
    Mais en tous points tu es bien pire ;
    Il ôta les biens sans occire,
    Ne fais tu pis à l'escient,
    Quand l'argent ne te peut suffire,
    Ains fais mourir le patient ?
    Tu dis le ciel auteur du fait.
    La terre couvre ton méfait.

  • Connais toi même, dit Phébus.
    Du ciel descendit ce précepte ;
    Pour guérir folie et abus,
    Lui, médecin, fit la recette ;
    Mais n'est pas seule ; j'en excepte,
    Et soutiens que d'avoir hanté
    Les gens, sondant leur volonté,
    Ne sert pas moins que se connaître.
    Veux tu bien vivre en sûreté ?
    Connais l'autrui, te voilà maître.

  • Un des savants le plus ignare,
    Des ignares le plus savant,
    En tes vers, ami, trouva tare,
    Peut être de nuit, en rêvant.
    Homère fut repris souvent
    De l'envieux et sot Zoïle,
    Et plusieurs ont pincé Virgile
    Sans peur toutefois de méprendre
    Car qui n'écrit en aucun style
    C'est le seul qu'on n'ose reprendre.

  • Le parler facile et commun
    Semble à Chéril des moins honnêtes.
    Un sot et lui c'est bien tout un ;
    L'obscur ne sied point aux poètes,
    Mais aux sibylles et prophètes ;
    Qui pourra lire sans moquer
    Les vers dans les nues secrètes,
    Qu'OEdipe ne peut expliquer ?

  • Vu que tu es en ce pays venu,
    Gentil esprit, grandement je m'étonne,
    Que l'olivier qui ces champs environne
    N'ait pas le son de tes vers retenu.
    Comme le luth en la Thrace connu,
    Tira les rocs : si ta muse résonne,
    Elle ravit la région qui tonne,
    Et le grand faix par Atlas soutenu.
    Je tenais hier ton livre entre mes mains,
    0ù sont les arts...

  • Je me trouve et me pers, je m'asseure et m'effroye
    En ma mort je revis je vois sans penser voir,
    Car tu as d'éclairer et d'obscurcir pouvoir,
    Mais tout orage noir de rouge eclair flamboye.

    Mon front qui cache et monstre avec tristesse, joye,
    Le silence parlant, l'ignorance au sçavoir,
    Tesmoignent mon hautain et mon humble devoir,
    Tel est tout coeur, qu'...

  • Vous, ô Dieux, qui à vous presque égalé m'avez,
    Et qu'on feint comme moy serfs de la Cyprienne :
    Et vous doctes amans, qui d'ardeur Delienne
    Vivans par mille morts vos ardeurs écrivez :

    Vous esprits que la mort n'a point d'amour privez,
    Et qui encor au frais de nombre Elysienne
    Rechantans par vos vers vostre flamme ancienne,
    De vos Palles moitiez les...

  • Dès que ce Dieu soubs qui la lourde masse,
    De ce grand Tout brouillé s'écartela,
    Les cieux plus hauts clairement étoila,
    Et d'animaulx remplit la terre basse :

    Et dès que l'homme au portrait de sa face
    Heureusement sur la terre il moula,
    Duquel l'esprit presqu'au sien égala,
    Heurant ainsi sa prochaine race :

    Helas ! ce Dieu, helas ! ce Dieu...

  • Quelque lieu, quelque amour, quelque loi qui t'absente,
    Et ta déité tâche ôter de devant moi,
    Quelque oubli qui, contraint de lieu, d'amour, de loi,
    Fasse qu'en tout absent de ton coeur je me sente,

    Tu m'es, tu me seras sans fin pourtant présente
    Par le nom, par l'effet fatal qui est en toi,
    Par tout tu es Diane, en tout rien je ne vois,
    Qui mon...