Amour, voyant l'ennui qui tant m'oppresse
Et la douleur secrète qui me tue,
N'a pas longtemps, en lui vidé de presse,
Me dit : " Ami, il faut que t'évertue.
Ton mal est grand, mais ta foi est connue,
Qui par souffrir plus vient en évidence ;
Puis tu sais bien que souvent est issue
De long travail heureuse récompense. "
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De ta lèvre mignarde un fin sucre courant,
De ta doucette voix la délicate joie,
Entre l'or et châtain ta tresse qui ondoie,
De ta tendrette main le chatouiller errant,
Du vent quand tu aspire un parfum odorant,
Autour de tes deux yeux Cupidon qui tournoie,
Et cet enfant divin que le ciel clair t'envoie
Pour être conducteur de tout le demeurant,... -
Cent et cent fois j'ai désiré pouvoir
Me transmuer en esprit invisible,
Si qu'il me fût de me cacher possible
Dedans ton coeur, afin de mieux revoir
A quoi il tient qu'on ne peut émouvoir
Ta cruauté qu'Amour tient inflexible.
J'en chasserai cette humeur si terrible
Qui te fait tant de rigueur concevoir.
Il n'y aurait lieu auquel je n'... -
Étant au lit couché, au lieu de reposer,
Je repense au sujet qui r'allègre ma vie,
Et lors si je pouvais, j'aurais fort grande envie
En plusieurs semblants me métamorphoser,
En votre masque, afin de souvent vous baiser,
En grains pour circuir cette gorge embellie,
En gant pour manier la main blanche et jolie
Qui fait dedans mon coeur les désirs... -
Douce maîtresse et douces vos façons,
Douce la bouche et douce la parole ,
Et doux votre oeil qui doucement affole,
Faisant en moi douces les passions,
Doux vos regards, douces vos actions,
Doux l'entretien et douce la main molle,
Douce la voix qui doucement console
L'âme et le coeur en leurs afflictions,
Douce la grâce et douce la... -
Gentil tertre élevé sur la blanche poitrine,
Tétin bien arrondi, je sais bien, sur, ma foi,
Que tu as bien raison de te plaindre de moi,
Qui n'ai onc contemplé ta blancheur ivoirine !
Tétin, chevet d'amour, dont la rondeur poupine
Éveille l'appétit d'un doux je ne sais quoi,
Permets sans te cacher qu'en m'approchant de toi,
Je goûte le plaisir de... -
Songeant la nuit, bien souvent je pense être
Auprès de toi couché certainement,
Et les beautés qu'en toi le ciel fit naître
Tâter, baiser, embrasser nuëment.
Comme un plaisir acquis en un moment
Passe, léger, et se voit disparaître,
Mon songe ainsi s'enfuit soudainement,
Me laissant seul et non toutefois maître,
Car à l'instant les... -
Ô Songe humain et divin tout ensemble,
Qui le vouloir nous révèle des Dieux,
Quand un sommeil plaisant et gracieux
Entre mes bras tous mes désirs assemble,
Lorsque du faux la vérité me semble,
Nul plus que moi ne se peut dire heureux,
Croyant tenir ce que j'aime le mieux ;
Frustré du tout, en m'éveillant je tremble.
Arrête donc, ô Songe... -
Voici du seul Phénix pourtraite la figure,
Qui s'ennuyant ici, pour se renouveler,
Prépare du bois sec le plus propre à brûler,
Pour de sa cendre après rétablir sa figure.
Il frappe d'un caillou contre une pierre dure,
Lorsqu'il en voit le feu sortant étinceler,
Des ailes il l'évente au lieu de le souffler,
Et pour s'y consommer ses effets il... -
Daphné se vit en laurier convertie
Quand Phébus fut par elle contesté,
Pour un exemple à la postérité
De ne se rendre à l'amour ennemie.
Une Atalante autrement fut punie
Qui n'en usait avec honnêteté ;
Aussi Narcisse aimant trop sa beauté
Dans la fontaine a terminé sa vie.
Pour voir mon coeur de ses maux allégé,
Je voudrais être...