• Déjà, venant hérissonné
    L'hiver, de froid environné,
    S'en va la plaisante verdure
    De l'été, qui si peu nous dure ;
    Déjà les arbres tout honteux
    Il dépouille de leurs cheveux,
    Et dans la forêt effeuillée
    Court mainte feuille éparpillée ;
    Et déjà Zéphyre mollet,
    Le mignard et doux ventelet,
    Craignant la fureur de Borée,
    S'en est...

  • Une belle Vestale habite au beau rivage
    D'Orne, où c'est qu'elle vit comme en un hermitage.
    Quelquefois en son parc elle se sied au bois,
    Gaillarde sur les eaux elle sort quelquefois,
    Et quelquefois cueillant des fleurs toute pensive,
    EIle en orne son sein, assise sur la rive.
    Maintenant elle semble une Nymphe des eaux,
    Maintenant des forests : et parmi...

  • Baise m'encor, rebaise-moi et baise ;
    Donne m'en un de tes plus savoureux,
    Donne m'en un de tes plus amoureux :
    Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise.

    Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j'apaise,
    En t'en donnant dix autres doucereux.
    Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux,
    Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise.

    Lors double vie...

  • Claire Vénus, qui erres par les Cieux,
    Entends ma voix qui en plaints chantera,
    Tant que ta face au haut du Ciel luira,
    Son long travail et souci ennuyeux.

    Mon oeil veillant s'attendrira bien mieux,
    Et plus de pleurs te voyant jettera.
    Mieux mon lit mol de larmes baignera,
    De ses travaux voyant témoins tes yeux.

    Donc des humains sont les...

  • Depuis qu'Amour cruel empoisonna
    Premièrement de son feu ma poitrine,
    Toujours brûlai de sa fureur divine,
    Qui un seul jour mon coeur n'abandonna.

    Quelque travail, dont assez me donna,
    Quelque menace et prochaine ruine,
    Quelque penser de mort qui tout termine,
    De rien mon coeur ardent ne s'étonna.

    Tant plus qu'Amour nous vient fort assaillir...

  • Ô beaux yeux bruns, ô regards détournés
    Ô chauds soupirs, ô larmes épandues,
    Ô noires nuits vainement attendues
    Ô jours luisants vainement retournés !

    Ô tristes plaints, ô désirs obstinés,
    Ô temps perdu, ô peines dépendues,
    Ô mille morts en mille rets tendues,
    Ô pires maux contre moi destinés !

    Ô ris, ô front, cheveux, bras, mains et doigts...

  • Tout aussitôt que je commence à prendre
    Dans le mol lit le repos désiré,
    Mon triste esprit, hors de moi retiré,
    S'en va vers toi incontinent se rendre.

    Lors m'est avis que dedans mon sein tendre
    Je tiens le bien où j'ai tant aspiré,
    Et pour lequel j'ai si haut soupiré
    Que de sanglots ai souvent cuidé fendre.

    Ô doux sommeil, ô nuit à moi...

  • Luth, compagnon de ma calamité,
    De mes soupirs témoin irréprochable,
    De mes ennuis contrôleur véritable,
    Tu as souvent avec moi lamenté ;

    Et tant le pleur piteux t'a molesté
    Que, commençant quelque son délectable,
    Tu le rendais tout soudain lamentable,
    Feignant le ton que plein avais chanté.

    Et si tu veux efforcer au contraire,
    Tu te...

  • Las ! que me sert que si parfaitement
    Louas jadis et ma tresse dorée,
    Et de mes yeux la beauté comparée
    A deux Soleils, dont Amour finement

    Tira les traits causes de ton tourment ?
    Où êtes-vous, pleurs de peu de durée ?
    Et mort par qui devait être honorée
    Ta ferme amour et itéré serment ?

    Doncques c'était le but de ta malice
    De m'...