Icare est chu ici, le jeune audacieux,
Qui pour voler au Ciel eut assez de courage :
Ici tomba son corps degarni de plumage,
Laissant tous braves coeurs de sa chute envieux.
Ô bienheureux travail d'un esprit glorieux,
Qui tire un si grand gain d'un si petit dommage !
Ô bienheureux malheur, plein de tant d'avantage
Qu'il rende le vaincu des ans...
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Quand nous aurons passé l'Infernale rivière,
Vous et moy pour nos maux damnez aux plus bas lieux,
Moy pour avoir sans cesse idolâtré vos yeux
Vous pour être à grand tort de mon coeur la meurtrière.
Si je puis toujours voir votre belle lumière,
Les éternelles nuits, les regrets furieux
N'étonneront mon âme, et l'Enfer odieux
N'aura point de douleur qui... -
Nuict, mere des soucis, cruelle aux affligez,
Qui fait que la douleur plus poignante est sentie,
Pource que l'ame alors n'estant point divertie,
Se donne toute en proie aux pensers enragez.
Autre-fois mes travaux tu rendois soulagez,
Et ma jeune fureur sous ton ombre amortie ;
Mais, hélas ! ta faveur s'est de moy departie,
Je sens tous tes pavots en... -
Douce Liberté désirée,
Déesse, où t'es-tu retirée,
Me laissant en captivité ?
Hélas! de moi ne te détourne !
Retourne, ô Liberté ! retourne,
Retourne, ô douce Liberté.
Ton départ m'a trop fait connaître
Le bonheur où je soulais être,
Quand, douce, tu m'allais guidant :
Et que, sans languir davantage,
Je devais, si j'eusse été... -
Sur les abymes creux des fondements poser
De la terre pesante, immobile et féconde,
Semer d'astres le Ciel, d'un mot créer le monde,
La mer, les vents, la foudre à son gré maîtriser.
De contrariétez tant d'accords composer,
La matière difforme orner de forme ronde,
Et par ta prévoyance en merveilles profonde,
Voir tout, conduire tout, et de tout... -
Cependant que l'honnêteté
Retenait ta jeune beauté
Empreinte au plus vif de mon âme,
Quand je sentais brûler mon coeur,
Je me plaisais en ma langueur,
Et nommais heureuse ma flamme.
Les filets de tes blonds cheveux,
Primes, frisés, retors en noeuds,
De cent mille façons nouvelles
Serraient tellement mes esprits
Que jamais je n'... -
Amour, tu es aveugle et d'esprit et de vue,
De ne voir pas comment ta force diminue,
Ton empire se perd, tu révoltes les tiens,
Faute de ne chasser une infernale peste
Qui fait que tout le monde à bon droit te déteste,
Pour ne pouvoir jouir sûrement de tes biens.
C'est de ton doux repos la mortelle ennemie,
C'est une mort cruelle au milieu de la... -
Enfin, l'Amour cruel à tel point m'a rangé
Que ma triste dépouille en cendre est convertie,
Et votre cruauté ne s'est onc amortie,
Que mon coeur par le feu n'ait été saccagé.
Au moins pour le loyer de m'avoir outragé,
Faites ainsi que fit la reine de Carie,
Non par amour comme elle, ains pleine de furie,
Buvez le peu de cendre en quoi je suis... -
Quand quelquefois je pense à ma première vie
Du temps que je vivais seul roi de mon désir,
Et que mon âme libre errait à son plaisir,
Franche d'espoir, de crainte, et d'amoureuse envie :
Je verse de mes yeux une angoisseuse pluie,
Et sens qu'un fier regret mon esprit vient saisir,
Maudissant le destin qui m'a fait vous choisir,
Pour rendre à tant... -
Somme, doux repos de nos yeux.
Aimé des hommes et des dieux,
Fils de la Nuit et du Silence,
Qui peux les esprits délier,
Qui fais les soucis oublier,
Endormant toute violence.
Approche, ô Sommeil désiré !
Las ! c'est trop longtemps demeuré :
La nuit est à demi passée,
Et je suis encore attendant
Que tu chasses le soin mordant,
Hôte...