• Ne jetez plus sur nous d'injures si grands sommes,
    Hommes par trop ingrats et de coeur endurci,
    Dieu n'a-t-il pas de nous comme de vous souci ?
    N'est-il pas créateur des femmes et des hommes ?

    Je sais bien qu'entre vous il y a maints prud'hommes,
    Maintes femmes y a vertueuses aussi ;
    Et l'un et l'autre sexe il n'y a nul sans si,
    Car d'une même...

  • Quand le grand oeil du Ciel tournoyant l'horizon
    Se darde au Capricorne, où sa chaleur passée
    Se retirant de nous rend la terre glacée,
    Et nous fait ressentir l'hivernale saison,

    L'air lui voyant ravir l'amoureuse toison
    De mille et mille fleurs dont elle est tapissée,
    En pleure, et tout dépit d'une humeur amassée,
    Voile son chef doré d'un autre...

  • De la cime des monts les fiers torrents se roulent
    Quand les neiges font place aux trésors du printemps,
    Des fontainières eaux s'engorgent les étangs
    Et leurs calmes ruisseaux par les plaines découlent.

    Les troupeaux amoureux les fleurs à bonds refoulent,
    Les pasteurs font leur bal heureusement contents,
    Les glacés Aquilons s'enserrent pour un temps,...

  • Comme on voit en été une bruyante nue
    Que le roide Aquilon va parmi l'air roulant,
    Pleine de tous côtés se crever grommelant,
    Et vomir le discord qui la rendait émue,

    Tantôt embraser l'air d'une flamme inconnue,
    Tantôt semer la grêle et d'un tour violent,
    Rouer un tourbillon qui noir se dévalant
    Enveloppe le chef d'une roche chenue,

    ...

  • Le vautour affamé qui du vieil Prométhée
    Becquette sans repos le poumon renaissant,
    Et le vase maudit où le dieu punissant
    Envoya nos malheurs au fol Epiméthée,

    Celui par qui amont est la pierre portée,
    Celui qui altéré vit dans l'eau languissant,
    Celles qui vont en vain leurs cuves remplissant,
    Ce n'est que fiction à plaisir rapportée.

    ...

  • Combien, combien de fois, au soir sous la nuit brune,
    Errant comme un taureau par amour furieux,
    Ai-je maudit le sort, la nature et les dieux,
    Le ciel, l'air, l'eau, la terre et Phébus et la Lune !

    Combien, combien de fois, d'une fuite importune,
    De soupirs embrasés ai-je éventé les cieux,
    Et d'un double torrent ruisselé de mes yeux
    Ai-je fait un...

  • Afin qu'à l'avenir on t'adore, ô Déesse,
    Je plante en ton honneur ce laurier immortel,
    Je te sacre ce temple où j'offre à ton autel
    Les armes dont Amour a dompté ma jeunesse.

    Ceux qui t'invoqueront pour vierge chasseresse
    Et qui t'honoreront de maint voeu solennel
    Ne puissent du trépas sentir le dard cruel,
    Ains le trait bienheureux dont ta beauté...

  • Du soleil radieux la brillante splendeur,
    Et de la lune aussi la lumineuse face
    Par un nuage épais, épars en l'air, s'efface,
    Lorsqu'ils vont tournoyant la céleste rondeur.

    L'hiver ravit aux fleurs la couleur et l'odeur,
    Et en moins d'une nuit les flétrit et terrasse,
    Le fruit trop avancé se passe en peu d'espace,
    Et bref tout est fauché par le...

  • Puisse en dépit du Ciel et du grand Jupiter,
    Des signes, du Soleil, des Astres, de la Lune,
    De Nature, de l'Art, du Destin, de Fortune,
    D'Amour, des Éléments, mon tourment s'irriter !

    Que les vents enragés fassent précipiter
    Les étoiles du Ciel dans la mer une à une,
    Que Phoebus et Phoebé rendent sa face brune,
    Et que son foudre même il ne puisse...

  • Un grand voile obscurci parmi l'air s'étendait,
    Qui rouant dans son sein une humeur détenue,
    Semait deçà delà une grêle menue
    Qui martelait la terre et tombant se fondait.

    Un autre vis-à-vis par le vide pendait
    Où se formait maint corps de figure inconnue,
    Tantôt jetant le feu à sillons de la nue,
    Sous qui l'arc assuré oblique se bandait,

    ...