• ... Je te salue, ô Terre, ô Terre porte-grains,
    Porte-or, porte-santé, porte-habits, porte-humains,
    Porte-fruicts, porte-tours, alme, belle, immobile,
    Patiente, diverse, odorante, fertile,
    Vestue d'un manteau tout damassé de fleurs
    Passementé de flots, bigarré de couleurs.
    Je te salue, ô coeur, racine, baze ronde,
    Pied du grand animal qu'on appelle le Monde,...

  • Au bon vieux temps que l'amour par bouquets
    Se démenait, et, par joyeux caquets,
    La femme était trop sotte et trop peu fine :
    Le temps depuis qui tout fine et affine
    Lui a montré à faire ses acquêts.

    Lors les seigneurs étaient petits nacquets* :
    D'aulx et d'oignons se faisaient des banquets ;
    Et n'était bruit de ruer en cuisine,
    Au bon vieux...

  • Si la beauté se perd en si peu d'heure,
    Faites m'en don tandis que vous l'avez ;
    Ou s'elle dure hélas ! vous ne devez
    Craindre à donner un bien qui vous demeure.

  • Huitain

    Mes beaux pères religieux,
    Vous dînez pour un grand merci ;
    Ô gens heureux ! ô demi-dieux !
    Plût à Dieu que je fusse ainsi !
    Comme vous, vivrais sans souci ;
    Car le voeu qui l'argent vous ôte,
    Il est clair qu'il défend aussi
    Que vous payiez jamais votre hôte.

  • J'ay perdu ma tourterelle :
    Est-ce point celle que j'oy ?
    Je veux aller après elle.

    Tu regrètes ta femelle,
    Hélas ! aussi fay je moy :
    J'ay perdu ma tourterelle.

    Si ton amour est fidelle,
    Aussi est ferme ma foy,
    Je veux aller après elle.

    Ta plaincte se renouvelle ;
    Tousjours plaindre je me doy :
    J'ay perdu ma...

  • Ce mai que j'ai planté, belle pour qui j'endure
    Et qui trop m'avez fait endurer sans raison,
    Quelque chose a de vous : je fais comparaison
    De votre beauté jeune à sa belle verdure.
    Le chêne est un dur arbre, et vous êtes bien dure :
    Vous n'êtes moins que bois sourde à mon oraison :
    Le mai sert de parer l'amoureuse saison :
    Ainsi fait le jeune âge, âge qui...

  • Laissons le lit et le sommeil,
    Cette journée :
    Pour nous l'aurore au front vermeil
    Est déjà née.
    Or que le ciel est le plus gai
    En ce gracieux mois de mai,
    Aimons, mignonne;
    Contentons notre ardent désir :
    En ce monde n'a du plaisir
    Qui ne s'en donne.

    Viens, belle, viens te promener
    Dans ce bocage;
    Entends les oiseaux...

  • Ô bel oeil de la nuit, ô la fille argentée
    Et la soeur du soleil et la mère des mois,
    O princesse des monts, des fleuves et des bois,
    Dont la triple puissance en tous lieux est vantée.
    Puisque tu es, déesse, au plus bas ciel montée,
    D'où les piteux regrets des amants tu reçois,
    Dis, lune au front cornu, as-tu vu quelquefois
    Une âme qui d'amour fût si fort...

  • I

    Prenez ores courage, ô craintifs, car voici
    Votre Dieu qui vient faire ici son domicile,
    Lequel vous sauvera de la puissance hostile,
    Et par lui se feront ces belles oeuvres-ci

    Les aveugles verront, les sourds oiront aussi,
    Le boiteux marchera d'un pied ferme et agile,
    La langue des muets sera prompte et facile,
    Et vous serez en paix...

  • Lève-toi promptement, m'amour, ma toute belle
    Disait Dieu à la Vierge en ses divins écrits,
    Je suis de ta beauté divinement épris,
    Hâte-toi de venir, ma douce colombelle.

    La terre reverdit et prend robe nouvelle,
    Produisant maintes fleurs de valeur et de prix ;
    Jà la pluie et l'hiver ennuyant les esprits
    Sont passés, et voici le temps qui...