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    Chanson neuve et toujours la même
    Que la rivière dit au vent,
    À l’objet inerte et mouvant,
    Au soir brun comme au matin blême.

    Pour moi, tu n’es pas un emblème
    Du bruit humain si décevant,
    Chanson neuve et toujours la même
    Que la rivière dit au vent.

    Dans la solitude que j’aime
    Tu berces mon esprit rêvant,
    Et tu m’apaises...

  • Il fut un bruit, ô Marot, qu'étais mort,
    Et ce faux bruit un menteur assura :
    L'un d'un côté se plaignait de ta mort,
    Faisant regret qui longuement dura ;
    L'autre par vers piteux la déplora,
    Jetant soupirs de dur gémissement.
    Moi de grand deuil pleurant amèrement,
    Duquel était ma triste âme saisie :
    Las ! dis-je, mort est notre ami Clément,
    ...

  • Le bruit des cabarets, la fange du trottoir,
    Les platanes déchus s'effeuillant dans l'air noir,
    L'omnibus, ouragan de ferraille et de boues,
    Qui grince, mal assis entre ses quatre roues,
    Et roule ses yeux verts et rouges lentement,
    Les ouvriers allant au club, tout en fumant
    Leur brûle-gueule au nez des agents de police,
    Toits qui dégouttent, murs suintants,...

  • Ah ! ce bruit affreux de la vie !
    Et que dormir serait meilleur
    Dans la terre où le caillou crie
    Sous la bêche du fossoyeur !

    Le soleil a toute ma haine ;
    Je suis rassasié de voir
    Sa lumière quotidienne
    Se rire de mon désespoir.

    Ah ! pouvoir donc enfin m'étendre
    Dans le seul lit où l'on soit seul,
    Et dans l'ombre attentive...

  • Des cloches, j'en ai su qui cheminaient sans bruit,
    Des cloches pauvres, qui vivaient dans des tourelles
    Sordides, et semblaient se lamenter entre elles
    De n'avoir de repos ni le jour ni la nuit.

    Des cloches de faubourg toussotantes, brisées ;
    Des vieilles, eût-on dit, qui dans la fin du jour
    Allaient se visiter de l'une à l'autre tour,
    Chancelantes,...

  • Vivons, Gordes, vivons, vivons, et pour le bruit
    Des vieillards ne laissons à faire bonne chère :
    Vivons, puisque la vie est si courte et si chère,
    Et que même les rois n'en ont que l'usufruit.

    Le jour s'éteint au soir, et au matin reluit,
    Et les saisons refont leur course coutumière :
    Mais quand l'homme a perdu cette douce lumière,
    La mort lui fait...