• Va dire, Amour, ce qui cause ma peine,
    A mon seigneur, que je m'en vais mourir,
    Et, par pitié, venant me secourir,
    Qu'il m'eût rendu la Mort moins inhumaine.

    A deux genoux je demande merci.
    Par grâce, Amour, va-t'en vers sa demeure.
    Dis-lui comment je prie et pleure ici,
    Tant et si bien qu'il faudra que je meure
    Tout enflammée, et ne sachant...

  • Chanson

    Mimi Pinson est une blonde,
    Une blonde que l'on connaît.
    Elle n'a qu'une robe au monde,
    Landerirette !
    Et qu'un bonnet.
    Le Grand Turc en a davantage.
    Dieu voulut de cette façon
    La rendre sage.
    On ne peut pas la mettre en gage,
    La robe de Mimi Pinson.

    Mimi Pinson porte une rose,
    Une rose blanche au côté.
    Cette...

  • L'heure de ma mort, depuis dix-huit mois,
    De tous les côtés sonne à mes oreilles,
    Depuis dix-huit mois d'ennuis et de veilles,
    Partout je la sens, partout je la vois.

    Plus je me débats contre ma misère,
    Plus s'éveille en moi l'instinct du malheur ;
    Et, dès que je veux faire un pas sur terre,
    Je sens tout à coup s'arrêter mon coeur.

    Ma...

  • Toi qui me l'as appris, tu ne t'en souviens plus
    De tout ce que mon coeur renfermait de tendresse,
    Quand, dans nuit profonde, ô ma belle maîtresse,
    Je venais en pleurant tomber dans tes bras nus !

    La mémoire en est morte, un jour te l'a ravie
    Et cet amour si doux, qui faisait sur la vie
    Glisser dans un baiser nos deux coeurs confondus,
    Toi qui me l'...

  • Imité de Goethe.

    Le rideau de ma voisine
    Se soulève lentement.
    Elle va, je l'imagine,
    Prendre l'air un moment.

    On entr'ouvre la fenêtre :
    Je sens mon coeur palpiter.
    Elle veut savoir peut-être
    Si je suis à guetter.

    Mais, hélas ! ce n'est qu'un rêve ;
    Ma voisine aime un lourdaud,
    Et c'est le vent qui soulève
    Le coin...

  • On me demande, par les rues,
    Pourquoi je vais bayant aux grues,
    Fumant mon cigare au soleil,
    A quoi se passe ma jeunesse,
    Et depuis trois ans de paresse
    Ce qu'ont fait mes nuits sans sommeil.

    Donne-moi tes lèvres, Julie ;
    Les folles nuits qui t'ont pâlie
    Ont séché leur corail luisant.
    Parfume-les de ton haleine ;
    Donne-les-moi, mon...

  • LE POÈTE

    Le mal dont j'ai souffert s'est enfui comme un rêve.
    Je n'en puis comparer le lointain souvenir
    Qu'à ces brouillards légers que l'aurore soulève,
    Et qu'avec la rosée on voit s'évanouir.

    LA MUSE

    Qu'aviez-vous donc, ô mon poète !
    Et quelle est la peine secrète
    Qui de moi vous a séparé ?
    Hélas ! je m'en ressens encore....

  • Nina, ton sourire,
    Ta voix qui soupire,
    Tes yeux qui font dire
    Qu'on croit au bonheur,

    Ces belles années,
    Ces douces journées,
    Ces roses fanées,
    Mortes sur ton coeur...

    Nina, ma charmante,
    Pendant la tourmente,
    La mer écumante
    Grondait à nos yeux ;

    Riante et fertile,
    La plage tranquille
    Nous...

  • Madame, il est heureux, celui dont la pensée
    (Qu'elle fût de plaisir, de douleur ou d'amour)
    A pu servir de soeur à la vôtre un seul jour.
    Son âme dans votre âme un instant est passée ;

    Le rêve de son coeur un soir s'est arrêté,
    Ainsi qu'un pèlerin, sur le seuil enchanté
    Du merveilleux palais tout peuplé de féeries
    Où dans leurs voiles blancs dorment...

  • (Vergiss mein nicht)
    (Paroles faites sur la musique de Mozart)

    Rappelle-toi, quand l'Aurore craintive
    Ouvre au Soleil son palais enchanté ;
    Rappelle-toi, lorsque la nuit pensive
    Passe en rêvant sous son voile argenté ;
    A l'appel du plaisir lorsque ton sein palpite,
    Aux doux songes du soir lorsque l'ombre t'invite,
    Ecoute au fond des bois
    ...