• Dans la tiède forêt que baigne un jour vermeil,
    Le grand chêne noueux, le père de la race,
    Penche sur le coteau sa rugueuse cuirasse
    Et, solitaire aïeul, se réchauffe au soleil.

    Du fumier de ses fils étouffés sous son ombre,
    Robuste, il a nourri ses siècles florissants,
    Fait bouillonner la sève en ses membres puissants,
    Et respiré le ciel avec sa...

  • Aux vapeurs du matin, sous les fauves ramures
    Que le vent automnal emplit de longs murmures,
    Les rivaux, les deux cerfs luttent dans les halliers :
    Depuis l'heure du soir où leur fureur errante
    Les entraîna tous deux vers la biche odorante,
    Ils se frappent l'un l'autre à grands coups d'andouillers.

    Suants, fumants, en feu, quand vint l'aube incertaine,...

  • Sur sa nouvelle d' " Arria Marcella "

    Le creux d'un sein charmant que la cendre moula
    Fut la coupe où tu bus cette ivresse éloquente,
    Qui, sous l'étroit portique aux volutes d'acanthe,
    Fit surgir dans la pourpre Arria Marcella.

  • L'ombre versait au flanc des monts sa paix bénie,
    Le chemin était bleu, le feuillage était noir,
    Et les palmiers tremblaient d'amour au vent du soir.
    L'enfant de Magdala, la fleur de Béthanie,

    Gémissait dans la pourpre et l'azur des coussins.
    Le grand épervier d'or des femmes étrangères
    Agrafait sur son front les étoffes légères ;
    La myrrhe...

  • Au fond de la chambre élégante
    Que parfuma son frôlement,
    Seule, immobile, elle dégante
    Ses longues mains, indolemment.

    Les globes chauds et mats des lampes
    Qui luisent dans l'obscurité,
    Sur son front lisse et sur ses tempes
    Versent une douce clarté.

    Le torrent de sa chevelure,
    Où l'eau des diamants reluit,
    Roule sur sa pâle...

  • Il est, non loin des tièdes syrtes
    Où bleuit la mer en repos,
    Un bois d'orangers et de myrtes
    Dont n'approchent point les troupeaux.

    Là, sous l'ombre antique d'un arbre,
    Un satyre, ouvrage divin,
    Sourit dans sa gaine de marbre,
    Comme réjoui par le vin.

    Il a des oreilles aiguës
    Que dresse un frémissement prompt ;
    De jeunes...

  • Si la vierge vers toi jette sous les ramures
    Le rire par sa mère à ses lèvres appris ;
    Si, tiède dans son corps dont elle sait le prix,
    Le désir a gonflé ses formes demi-mûres ;

    Le soir, dans la forêt pleine de frais murmures,
    Si, méditant d'unir vos chairs et vos esprits,
    Vous mêlez, de sang jeune et de baisers fleuris,
    Vos lèvres, en jouant,...

  • Cette outre en peau de chèvre, ô buveur, est gonflée
    De l'esprit éloquent des vignes que Théra,
    Se tordant sur les flots, noire, déchevelée
    Étendit au puissant soleil qui les dora.

    Théra ne s'orne plus de myrtes ni d'yeuses,
    Ni de la verte absinthe agréable aux troupeaux,
    Depuis que, remplissant ses veines furieuses,
    Le feu plutonien l'agite sans...

  • Ô vous qui, dans la paix et la grâce fleuris,
    Animez et les champs et vos forêts natales,
    Enfants silencieux des races végétales,
    Beaux arbres, de rosée et de soleil nourris,

    La Volupté par qui toute race animée
    Est conçue et se dresse à la clarté du jour,
    La mère aux flancs divins de qui sortit l'Amour,
    Exhale aussi sur vous son haleine embaumée....

  • Je sais la vanité de tout désir profane.
    A peine gardons-nous de tes amours défunts,
    Femme, ce que la fleur qui sur ton sein se fane
    Y laisse d'âme et de parfums.

    Ils n'ont, les plus beaux bras, que des chaînes d'argile,
    Indolentes autour du col le plus aimé ;
    Avant d'être rompu leur doux cercle fragile
    Ne s'était pas même fermé.

    ...