• Octobre étend son soir de blanc repos
    Comme une ombre de mère morte.

    Les chevriers, du son de leurs pipeaux,
    Semblent railler la brise forte.

    Mais l'un s'est tu. L'instrument, de ses lèvres,
    Soudain se dégage à mes pas ;

    Celui-là sait mon amour pour ses chèvres ;
    Que j'aime à causer aux soirs bas.

    Je le respecte... il est vieux, c...

  • - Oui, je souffre, ces soirs, démons mornes chers Saints.
    - On est ainsi toujours au soupçon des Toussaints.
    - Mon âme se fait dune à funèbres hantises.
    - Ah ! donne-moi ton front, que je calme tes crises.

    - Que veux-tu ? je suis tel, je suis tel dans ces villes,
    Boulevardier funèbre échappé des balcons,
    Et dont le rêve élude, ainsi que des faucons,...

  • Dans le puits noir que tu vois là
    Gît la source de tout ce drame.
    Aux vents du soir le cerf qui brame
    Parmi les bois conte cela.

    Jadis un amant fou, voilà,
    Y fut noyé par une femme.
    Dans le puits noir que tu vois là
    Gît la source de tout ce drame.

    Pstt ! n'y viens pas ! On voit l'éclat
    Mystérieux d'un spectre en flamme,
    Et...

  • Ma mère, que je l'aime en ce portrait ancien,
    Peint aux jours glorieux qu'elle était jeune fille,
    Le front couleur de lys et le regard qui brille
    Comme un éblouissant miroir vénitien !

    Ma mère que voici n'est plus du tout la même ;
    Les rides ont creusé le beau marbre frontal ;
    Elle a perdu l'éclat du temps sentimental
    Où son hymen chanta comme un rose...

  • Comme des larmes d'or qui de mon coeur s'égouttent,
    Feuilles de mes bonheurs, vous tombez toutes, toutes.

    Vous tombez au jardin de rêve où je m'en vais,
    Où je vais, les cheveux au vent des jours mauvais.

    Vous tombez de l'intime arbre blanc, abattues
    Çà et là, n'importe où, dans l'allée aux statues.

    Couleur des jours anciens, de mes robes d'enfant...

  • Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l'or massif:
    Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues;
    La Cyprine d'amour, cheveux épars, chairs nues
    S'étalait à sa proue, au soleil excessif.

    Mais il vint une nuit frapper le grand écueil
    Dans l'Océan trompeur où chantait la Sirène,
    Et le naufrage horrible inclina sa carène
    Aux profondeurs du Gouffre,...

  • Las d'avoir visité mondes, continents, villes,
    Et vu de tout pays, ciel, palais, monuments,
    Le voyageur enfin revient vers les charmilles
    Et les vallons rieurs qu'aimaient ses premiers ans.

    Alors sur les vieux bancs au sein des soirs tranquilles,
    Sous les chênes vieillis, quelques bons paysans,
    Graves, fumant la pipe, auprès de leurs familles
    Ecoutaient...

  • En une très vieille chapelle
    Je sais un diptyque flamand
    Où Jésus, près de sa maman,
    Creuse le sable avec sa pelle.

    Non peint par Rubens ou Memling,
    Mais digne de leurs galeries ;
    La Vierge, en blanches draperies,
    Au rouet blanc file son lin.

    La pelle verdelette peinte
    Scintille aux mains grêles de Dieu ;
    Le soleil brûle un rouge...

  • Aux jours de sa vieille détresse
    Elle avait, la pauvre négresse,
    Gardé cet oiseau d'allégresse.

    Ils habitaient, au coin hideux,
    Un de ces réduits hasardeux,
    Un faubourg lointain, tous les deux.

    Lui, comme jadis à la foire,
    Il jacassait les jours de gloire
    Perché sur son épaule noire.

    La vieille écoutait follement,
    ...

  • L'hiver, de son pinceau givré, barbouille aux vitres
    Des pastels de jardins de roses en glaçons.
    Le froid pique de vif et relègue aux maisons
    Milady, canaris et les jockos bélîtres.

    Mais la petite Miss en berline s'en va,
    Dans son vitchoura blanc, une ombre de fourrures,
    Bravant l'intempérie et les âcres froidures,
    Et plus d'un, à la voir cheminer, la...