• Tout se mêle en un vif éclat de gaieté verte
    O le beau soir de mai ! Tous les oiseaux en choeur,
    Ainsi que les espoirs naguère à mon coeur,
    Modulent leur prélude à ma croisée ouverte.

    O le beau soir de mai ! le joyeux soir de mai !
    Un orgue au loin éclate en froides mélopées;
    Et les rayons, ainsi que de pourpres épées,
    Percent le coeur du jour qui se...

  • Calmes, elles s'en vont, défilant aux allées
    De la chapelle en fleurs, et je les suis des yeux,
    Religieusement joignant mes doigts pieux,
    Plein de l'ardent regret des ferveurs en allées.

    Voici qu'elles se sont toutes agenouillées
    Au mystique repas qui leur descend des cieux,
    Devant l'autel piqué de flamboiements joyeux
    Et d'une floraison de fleurs...

  • Hier, j'ai vu passer, comme une ombre qu'on plaint,
    En un grand parc obscur, une femme voilée :
    Funèbre et singulière, elle s'en est allée,
    Recélant sa fierté sous son masque opalin.

    Et rien que d'un regard, par ce soir cristallin,
    J'eus deviné bientôt sa douleur refoulée ;
    Puis elle disparut en quelque noire allée
    Propice au deuil profond dont son...

  • Ils étaient là, les Juifs, les tueurs de prophètes,
    Quand le sanglant Messie expirait sur la croix ;
    Ils étaient là, railleurs et bourreaux à la fois ;
    Et Sion à son crime entremêlait des fêtes.
    Or, voici que soudain, sous le vent des tempêtes,
    Se déchira le voile arraché des parois.
    Les Maudits prirent fuite : on eût dit que le poids
    De leur forfait...

  • Jésus à barbe blonde, aux yeux de saphir tendre,
    Sourit dans un vitrail ancien du défunt choeur
    Parmi le vol sacré des chérubins en choeur
    Qui se penchent vers Lui pour l'aimer et l'entendre.
    Des oiseaux de Sion aux claires ailes calmes
    Sont là dans le soleil qui poudroie en délire,
    Et c'est doux comme un vers de maître sur la lyre,
    De voir ainsi, parmi l'...

  • Enfermons-nous mélancoliques
    Dans le frisson tiède des chambres,
    Où les pots de fleurs des septembres
    Parfument comme des reliques.

    Tes cheveux rappellent les ambres
    Du chef des vierges catholiques
    Aux vieux tableaux des basiliques,
    Sur les ors charnels de tes membres.

    Ton clair rire d'émail éclate
    Sur le vif écrin écarlate...

  • De mon berceau d'enfant j'ai fait l'autre berceau
    Où ma Muse s'endort dans des trilles d'oiseau,
    Ma Muse en robe blanche, ô ma toute Maîtresse !

    Oyez nos baisers d'or aux grands soirs familiers...
    Mais chut ! j'entends la mégère Détresse
    A notre seuil faisant craquer ses noirs souliers !

  • Le violon, d'un chant très profond de tristesse,
    Remplit la douce nuit, se mêle aux sons des cors,
    Les sylphes vont pleurant comme une âme en détresse,
    Et les coeurs des arbres ont des plaintes de morts.

    Le souffle du Veillant anime chaque feuille ;
    Aux amers souvenirs les bois ouvrent leur sein ;
    Les oiseaux sont rêveurs ; et sous l'oeil opalin
    De la...

  • C'est comme l'écho d'un sacré concert
    Qu'on entend soudain sans rien y comprendre;
    Où l'âme se noie en hachich amer
    Que fait la douleur impossible à rendre.

    De ces flots très lents, coeurs ayant souffert
    De musique épris comme un espoir tendre
    Qui s'en va toujours, toujours en méandre
    Dans le froid néant où dorment leurs nerfs.

    Ils n'ont rien...

  • Je t'ai vue un soir me sourire
    Dans la planète des Bergers :
    Tu descendais à pas légers
    Du seuil d'un château de porphyre.

    Et ton oeil de diamant rare
    Eblouissait le règne astral.
    Femme, depuis, par mont ou val,
    Femme, beau marbre de Carrare,

    Ta voix me hante en sons chargés
    De mystère et fait mon martyre,
    Car toujours je te vois...