• Seuls les rideaux, tandis que la chambre est obscure,
    Tout brodés, restent blancs, d' un blanc mat qui figure
    Un printemps blanc parmi l'hiver de la maison.
    Sur les vitres, ce sont des fleurs de guérison

    Pareilles dans le soir à ces palmes de givre
    Que sur les carreaux froids les nuits d'hiver font vivre.
    Et dans ces floraisons de guipure on croit voir
    ...

  • Ah ! Vous êtes mes soeurs, les âmes qui vivez
    Dans ce doux nonchaloir des rêves mi-rêvés
    Parmi l'isolement léthargique des villes
    Qui somnolent au long des rivières débiles ;

    Ames dont le silence est une piété,
    Ames à qui le bruit fait mal ; dont l'amour n'aime
    Que ce qui pouvait être et n'aura pas été ;
    Mystiques réfectés d'hostie et de saint chrême ;...

  • Ses yeux où se blottit comme un rêve frileux,
    Ses grands yeux ont séduit mon âme émerveillée,
    D'un bleu d'ancien pastel, d'un bleu de fleur mouillée,
    Ils semblent regarder de loin, ses grands yeux bleus.

    Ils sont grands comme un ciel tourmenté que parsème
    - Par les couchants d'automne et les tragiques soirs -
    Tout un vol douloureux de longs nuages noirs ;...

  • On aura beau s'abstraire en de calmes maisons,
    Couvrir les murs de bon silence aux pâles ganses,
    La vie impérieuse, habile aux manigances,
    A des tapotements de doigts sur les cloisons.

    Dans des chambres sans bruit on aura beau s'enclore,
    On aura beau vouloir, comme je le voulais,
    Que le miroir pensif soit de nacre incolore,
    Un peu de clarté filtre à...

  • L'hostie est comme un clair de lune dans l'église.
    Or les songeurs errants et les extasiés
    Qui vont par les jardins où dans une ombre grise
    Des papillons fripés meurent sur les rosiers,

    Ceux que la nuit pieuse a pour catéchumènes
    Regardant l'astre à la chevelure d'argent
    Peu à peu croient y voir un sourire indulgent,
    Un visage d'aïeule et des lèvres...

  • Vous ne savez son nom ? - Celle pour qui je chante
    La vie d'amour de feu, puis après est mourante :
    C'est un arbre en verdeur, un soleil en éclats,
    C'est une nuit de rose ou languissants ébats.
    C'est un torrent jeté par un trou de nuage ;
    C'est le roi des lions dégarni de sa cage :
    C'est l'enfant qui se roule et qui est tout en pleurs,
    C'est la misère en cris...

  • Mon Dieu ! si elle allait mourir !
    Si la pelle allait la couvrir,
    Avec son bec de bois qui ramasse la terre,
    Si sa soeur ou son frère,
    Pour la pleurer allaient venir !

    Si la cloche toujours au guet
    Allait donner sa voix qui fait :
    Mort-mort, mort-mort, en hochant de la tête ;
    Et que le fossoyeur fit fête,
    Assis au bord de son creux fait !...

  • Moi,
    C'est toi ;
    Nous, c'est toi-moi ;
    NOUS DEUX c'est UNE fois ;
    Coeurs-de-nous, c'est, Dieu-Ciel en soi ;
    Si un jour, SEULE et SEUL... Enfer d'effroi !!!
    Jamais ! Elle est ma reine, et Moi je suis son roi.

  • Il l'a tirée
    De sa poche percée
    L'a mise sous ses yeux ;
    Et l'a bien regardée
    En disant : " Malheureux ! "

    Il l'a soufflée
    De sa bouche humectée ;
    Il avait presque peur
    D'une horrible pensée
    Qui vint le prendre au coeur.

    Il l'a mouillée
    D'une larme gelée
    Qui fondit par hasard ;
    Sa chambre était trouée...

  • À Jean Richepin.

    Le ciel des nuits d'été fait à Paris dormant
    Un dais de velours bleu piqué de blanches nues,
    Et les aspects nouveaux des ruelles connues
    Flottent dans un magique et pâle enchantement.

    L'angle, plus effilé, des noires avenues
    Invite le regard, lointain vague et charmant.
    Les derniers Philistins, qui marchent pesamment,
    Ont...