• ... Sur les flancs du Moléson,
    Ah ! voyez ce frais gazon !
    Entendez les chansonnettes
    Du pinson, des alouettes ;
    Chantons, que l'on soit prêt !
    Partons pour le chalet. [...]

  • La lune est d'argent sous les arbres roses,
    Des fruits fabuleux font plier les branches
    Et voici neiger des floraisons blanches. -
    Un follet s'enfuit par l'ombre morose.

    Tes yeux fous, ce sont des enfants perdus
    Que séduit l'ardeur des fruits défendus ;
    Tes yeux d'or ce sont des enfants pervers
    Curieux d'amour et de pommes vertes ;
    Je vois,...

  • Quand on rentre chez soi, délivré de la rue,
    Aux fins d'automne où, gris cendré, le soir descend
    Avec une langueur qu'il n'a pas encore eue,
    La chambre vous accueille alors tel qu'un absent...

    Un absent cher, depuis longtemps séparé d'elle,
    Dont le visage aimé dormait dans le miroir ;
    Ô chambre délaissée, ô chambre maternelle
    Qui, toute seule, eût des...

  • Les miroirs, par les jours abrégés des décembres,
    Songent-telles des eaux captives-dans les chambres,
    Et leur mélancolie a pour causes lointaines
    Tant de visages doux fanés dans ces fontaines
    Qui s'y voyaient naguère, embellis du sourire !

    Et voilà maintenant, quand soi-même on s'y mire,
    Qu'on croit y retrouver l'une après l'autre et seules
    Ces figures...

  • L'aquarium, toujours frissonnant, est étrange
    Avec son eau qu'on ne sait quoi ride et dérange
    Et qui se crispe moins d'un éveil de poissons
    Que des yeux qu'en passant nous posâmes sur elle,
    Et de savoir un peu de ce que nous pensons.
    On dirait que toujours quelque chose chancelle
    Dans cette eau sensitive au silence ambigu.
    Eau de l'aquarium qui,...

  • Si tristes les vieux quais bordés d'acacias !
    Pourtant, toi qui passais, tu les apprécias
    Ces vieux quais où tel beau cygne de l'eau changeante
    Entre parfois dans une âme qui s'en argente.
    Si tristes les vieux quais, les eaux pleines d'adieux,
    Inertes comme les bandeaux silencieux
    D'une morte ! les eaux sur qui pleure une cloche,
    Les immobiles eaux sur...

  • La ville est morte, morte, irréparablement !
    D'une lente anémie et d'un secret tourment,
    Est morte jour à jour de l'ennui d'être seule...
    Petite ville éteinte et de l'autre temps qui

    Conserve on ne sait quoi de vierge et d'alangui
    Et semble encor dormir tandis qu'on l'enlinceule ;
    Car voici qu'à présent, pour embaumer sa mort,
    Les canaux, pareils à des...

  • Quelques vieilles cités déclinantes et seules,
    De qui les clochers sont de moroses aïeules,
    Ont tout autour une ceinture de remparts.
    Ceinture de tristesse et de monotonie,
    Ceinture de fossés taris, d'herbe jaunie
    Où sonnent des clairons comme pour des départs,
    Vibrations de cuivre incessamment décrues ;
    Tandis qu'au loin, sur les talus, quelques...

  • Dans l'angle obscur de la chambre, le piano
    Songe, attendant des mains pâles de fiancée
    De qui les doigts sont sans reproche et sans anneau,
    Des mains douces par qui sa douleur soit pansée

    Et qui rompent un peu son abandon de veuf,
    Car il refrémirait sous des mains élargies
    Puisqu'en lui dort encor l'espoir d'un bonheur neuf.
    Après tant de silence,...

  • La lampe dans la chambre est une rose blanche
    Qui s'ouvre tout à coup au jardin gris du soir ;
    Son reflet au plafond dilate un halo noir
    Et c'est assez pour croire un peu que c'est dimanche.

    La lampe dans la chambre est une lune blanche
    Qui fait fleurir dans les miroirs des nénuphars ;
    On ne sait plus quel jour il est, ni s'il est tard,
    Sauf qu'on est...