• Je sais bien qu'il est d'usage
    D'aller en tous lieux criant
    Que l'homme est d'autant plus sage
    Qu'il rêve plus de néant ;

    D'applaudir la grandeur noire,
    Les héros, le fer qui luit,
    Et la guerre, cette gloire
    Qu'on fait avec de la nuit ;

    D'admirer les coups d'épée,
    Et, la fortune, ce char
    Dont une roue est Pompée,
    Dont l'autre...

  • CHOEUR DE FEMMES

    L'ombre des bois d'Aser est toute parfumée.
    Quel est celui qui vient par le frais chemin vert ?
    Est-ce le bien-aimé qu'attend la bien-aimée ?
    Il est jeune, il est doux. Il monte du désert
    Comme de l'encensoir s'élève une fumée.
    Est-ce le bien-aimé qu'attend la bien-aimée ?

    UNE JEUNE FILLE

    J'aime. Ô vents, chassez l...

  • Hier, le vent du soir, dont le souffle caresse,
    Nous apportait l'odeur des fleurs qui s'ouvrent tard ;
    La nuit tombait ; l'oiseau dormait dans l'ombre épaisse.
    Le printemps embaumait, moins que votre jeunesse ;
    Les astres rayonnaient, moins que votre regard.

    Moi, je parlais tout bas. C'est l'heure solennelle
    Où l'âme aime à chanter son hymne le plus doux....

  • Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire !
    Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire,
    Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis !
    Les peupliers, au bord des fleuves endormis,
    Se courbent mollement comme de grandes palmes ;
    L'oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ;
    Il semble que tout rit, et que les arbres verts
    Sont...

  • Aucune aile ici-bas n'est pour longtemps posée.
    Quand elle était petite, elle avait un oiseau ;
    Elle le nourrissait de pain et de rosée
    Et veillait sur son nid comme sur un berceau.
    Un soir il s'échappa. Que de plaintes amères !
    Dans mes bras en pleurant je la vis accourir,...
    Jeunes filles, laissez, laissez, ô jeunes mères,
    Les oiseaux s'envoler et...

  • (extrait)

    Enfants, beaux fronts naïfs penchés autour de moi,
    Bouches aux dents d'émail disant toujours : Pourquoi ?
    Vous qui, m'interrogeant sur plus d'un grand problème,
    Voulez de chaque chose, obscure pour moi-même,
    Connaître le vrai sens et le mot décisif,
    Et qui touchez à tout dans mon esprit pensif ;
    - Si bien que, vous partis, enfants,...

  • Grand bal sous le tamarin.
    On danse et l'on tambourine.
    Tout bas parlent, sans chagrin,
    Mathurin à Mathurine,
    Mathurine à Mathurin.

    C'est le soir, quel joyeux train !
    Chantons à pleine poitrine
    Au bal plutôt qu'au lutrin.
    Mathurin a Mathurine,
    Mathurine a Mathurin.

    Découpe comme au burin,
    L'arbre, au bord de l'eau marine,
    ...

  • Puisque nos heures sont remplies
    De trouble et de calamités ;
    Puisque les choses que tu lies
    Se détachent de tous côtés ;

    Puisque nos pères et nos mères
    Sont allés où nous irons tous,
    Puisque des enfants, têtes chères,
    Se sont endormis avant nous ;

    Puisque la terre où tu t'inclines
    Et que tu mouilles de tes pleurs,
    A déjà...

  • Pourquoi donc s'en est-il allé, le doux amour ?
    Ils viennent un moment nous faire un peu de jour,
    Puis partent. Ces enfants, que nous croyons les nôtres,
    Sont à quelqu'un qui n'est pas nous. Mais les deux autres,
    Tu ne les vois donc pas, vieillard ? Oui, je les vois,
    Tous les deux. Ils sont deux, ils pourraient être trois.
    Voici l'heure d'aller se promener...

  • Je dirai les enfants jouant devant la porte,
    La fermière abreuvant les vaches au lavoir,
    Les passereaux de l'aire et le char qui rapporte
    L'ajonc pour les chevaux à la brune du soir

    Joie et douleur du toit, vous serez mon domaine.
    Durant d'assez longs temps on a chanté les rois,
    Et les vagues ennuis que le riche promène ;
    Poète du foyer, j'y...