• Ô temps ! si l'on pouvait dans ton urne profonde
    Puiser des jours nouveaux comme on puise de l'onde,
    J'en voudrais bien encor !

    Je dirais à la vie : oh ! que ta fleur renaisse !
    Et je reposerais sur mon front la jeunesse,
    Cette couronne d'or !

  • Heureux l'homme, occupé de l'éternel destin,
    Qui, tel qu'un voyageur qui part de grand matin,
    Se réveille, l'esprit rempli de rêverie,
    Et, dès l'aube du jour, se met à lire et prie !
    A mesure qu'il lit, le jour vient lentement
    Et se fait dans son âme ainsi qu'au firmament.
    Il voit distinctement, à cette clarté blême,
    Des choses dans sa chambre et d'...

  • Je ne songeais pas à Rose ;
    Rose au bois vint avec moi ;
    Nous parlions de quelque chose,
    Mais je ne sais plus de quoi.

    J'étais froid comme les marbres ;
    Je marchais à pas distraits ;
    Je parlais des fleurs, des arbres
    Son oeil semblait dire: " Après ? "

    La rosée offrait ses perles,
    Le taillis ses parasols ;
    J'allais ; j'écoutais les...

  • Proscrit, regarde les roses ;
    Mai joyeux, de l'aube en pleurs
    Les reçoit toutes écloses ;
    Proscrit, regarde les fleurs.

    - Je pense
    Aux roses que je semai.
    Le mois de mai sans la France,
    Ce n'est pas le mois de mai.

    Proscrit, regarde les tombes ;
    Mai, qui rit aux cieux si beaux,
    Sous les baisers des colombes
    Fait palpiter les...

  • Janvier est revenu. Ne crains rien, noble femme !
    Qu'importe l'an qui passe et ceux qui passeront !
    Mon amour toujours jeune est en fleur dans mon âme ;
    Ta beauté toujours jeune est en fleur sur ton front.

    Sois toujours grave et douce, ô toi que j'idolâtre ;
    Que ton humble auréole éblouisse les yeux !
    Comme on verse un lait pur dans un vase d'albâtre,...

  • Un grand sabre serait d'utilité publique.
    Est-ce qu'il n'est pas temps d'exterminer la clique
    Des songeurs, des rêveurs, des penseurs, des savants,
    Et de tous ces semeurs jetant leur graine aux vents,
    Et de mettre au pavois celui qui nous fait taire,
    Et de souffler sur l'aube, et d'éteindre Voltaire !
    Qu'attendez-vous ? Oh ! comme il serait beau de voir...

  • Dans le frais clair-obscur du soir charmant qui tombe,
    L'une pareille au cygne et l'autre à la colombe,
    Belle, et toutes deux joyeuses, ô douceur !
    Voyez, la grande soeur et la petite soeur
    Sont assises au seuil du jardin, et sur elles
    Un bouquet d'oeillets blancs aux longues tiges frêles,
    Dans une urne de marbre agité par le vent,
    Se penche, et les regarde,...

  • Elle est gaie et pensive ; elle nous fait songer
    À tout ce qui reluit malgré de sombres voiles,
    Aux bois pleins de rayons, aux nuits pleines d'étoiles.
    L'esprit en la voyant s'en va je ne sais où.
    Elle a tout ce qui peut rendre un pauvre homme fou.
    Tantôt c'est un enfant, tantôt c'est une reine.
    Hélas ! quelle beauté radieuse et sereine !
    Elle a de fiers...

  • D'ailleurs les sages ont dit : Il ne faut point attacher
    son coeur aux choses passagères.
    SADI, Gulistan.


    Je veille, et nuit et jour mon front rêve enflammé,
    Ma joue en pleurs ruisselle,
    Depuis qu'Albaydé dans la tombe a fermé
    Ses beaux yeux de gazelle.

    Car elle avait quinze ans, un sourire ingénu,
    Et m'aimait sans mélange,
    Et...

  • Dansez, les petites filles,
    Toutes en rond.
    En vous voyant si gentilles,
    Les bois riront.

    Dansez, les petites reines,
    Toutes en rond.
    Les amoureux sous les frênes
    S'embrasseront.

    Dansez, les petites folles,
    Toutes en rond.
    Les bouquins dans les écoles
    Bougonneront.

    Dansez, les petites belles,
    Toutes en rond....