• Je suis naïf, toi cruelle,
    Et j'ai la simplicité
    De brûler au feu mon aile
    Et mon âme à ta beauté ;

    Ta lumière m'est rebelle
    Et je m'en sens dévorer ;
    Mais la chose sombre et belle
    Et dont tu devrais pleurer,

    C'est que, toute mutilée,
    Voletant dans le tombeau,
    La pauvre mouche brûlée
    Chante un hymne au noir flambeau....

  • Vous qui pleurez, venez à ce Dieu, car il pleure.
    Vous qui souffrez, venez à lui, car il guérit.
    Vous qui tremblez, venez à lui, car il sourit.
    Vous qui passez, venez à lui, car il demeure.

  • Prenez garde à ce petit être ;
    Il est bien grand, il contient Dieu.
    Les enfants sont, avant de naître,
    Des lumières dans le ciel bleu.

    Dieu nous les offre en sa largesse ;
    Ils viennent ; Dieu nous en fait don ;
    Dans leur rire il met sa sagesse
    Et dans leur baiser son pardon.

    Leur douce clarté nous effleure.
    Hélas, le bonheur est...

  • I

    Je suis triste quand je vois l'homme.
    Le vrai décroît dans les esprits.
    L'ombre qui jadis noya Rome
    Commence à submerger Paris.

    Les rois sournois, de peur des crises,
    Donnent aux peuples un calmant.
    Ils font des boîtes à surprises
    Qu'ils appellent charte et serment.

    Hélas ! nos anges sont vampires ;
    Notre albâtre vaut...

  • Si vous n'avez rien à me dire,
    Pourquoi venir auprès de moi ?
    Pourquoi me faire ce sourire
    Qui tournerait la tête au roi ?
    Si vous n'avez rien à me dire,
    Pourquoi venir auprès de moi ?

    Si vous n'avez rien à m'apprendre,
    Pourquoi me pressez-vous la main ?
    Sur le rêve angélique et tendre,
    Auquel vous songez en chemin,
    Si vous n'avez rien à...

  • Qu'il erre sans repos, courbé dès sa jeunesse,
    En des sables sans borne où le soleil renaisse
    Sitôt qu'il aura lui !
    Comme un noir meurtrier qui fuit dans la nuit sombre,
    S'il marche, que sans cesse il entende dans l'ombre
    Un pas derrière lui !

    En des glaciers polis comme un tranchant de hache,
    Qu'il glisse, et roule, et tombe, et tombe et se rattache...

  • Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme!
    Au gré des envieux, la foule loue et blâme ;
    Vous me connaissez, vous! - vous m'avez vu souvent,
    Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.
    Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
    Une humble goutte d'eau de fleur en fleur tombée,
    Un nuage, un oiseau, m'occupent tout un jour.
    La contemplation m'emplit le...

  • C'était fini. Splendide, étincelant, superbe,
    Luisant sur la cité comme la faulx sur l'herbe,
    Large acier dont le jour faisait une clarté,
    Ayant je ne sais quoi dans sa tranquillité
    De l'éblouissement du triangle mystique,
    Pareil à la lueur au fond d'un temple antique,
    Le fatal couperet relevé triomphait.
    Il n'avait rien gardé de ce qu'il avait fait...

  • (extrait)

    Peuples ! écoutez le poète !
    Ecoutez le rêveur sacré !
    Dans votre nuit, sans lui complète,
    Lui seul a le front éclairé.
    Des temps futurs perçant les ombres,
    Lui seul distingue en leurs flancs sombres
    Le germe qui n'est pas éclos.
    Homme, il est doux comme une femme.
    Dieu parle à voix basse à son âme
    Comme aux forêts et comme aux...

  • J'aime un petit enfant, et je suis un vieux fou.

    - Grand-père ? - Quoi ? - Je veux m'en aller. - Aller où ?
    - Où je voudrai. - Partons. - Je veux rester, grand-père.
    - Restons. - Grand-père ? - Quoi ? - Pleuvra-t-il ? - Non, j'espère.
    - Je veux qu'il pleuve, moi. - Pourquoi ? - Pour faire un peu
    Pousser mon haricot dans mon jardin. - C'est Dieu
    Qui fait...