• Sa mère en le mettant au monde s'en alla.
    Sombre distraction du sort ! Pourquoi cela ?
    Pourquoi tuer la mère en laissant l'enfant vivre ?
    Pourquoi par la marâtre, ô deuil ! la faire suivre ?
    Car le père était jeune, il se remaria.
    Un an, c'est bien petit pour être paria ;
    Et le bel enfant rose avait eu tort de naître.
    Alors un vieux bonhomme accepta ce...

  • Une brume couvrait l'horizon ; maintenant,
    Voici le clair midi qui surgit rayonnant ;
    Le brouillard se dissout en perles sur les branches,
    Et brille, diamant, au collier des pervenches.
    Le vent souffle à travers les arbres, sur les toits
    Du hameau noir cachant ses chaumes dans les bois ;
    Et l'on voit tressaillir, épars dans les ramées,
    Le vague...

  • Tu souris dans l'invisible.
    O douce âme inaccessible,
    Seul, morne, amer,
    Je sens ta robe qui flotte
    Tandis qu'à mes pieds sanglote
    La sombre mer.

    La nuit à mes chants assiste.
    Je chante mon refrain triste
    A l'horizon.
    Ange frissonnant, tu mêles
    Le battement de tes ailes
    A ma chanson.

    je songe à ces pauvres êtres,
    ...

  • Je m'étais endormi la nuit près de la grève.
    Un vent frais m'éveilla, je sortis de mon rêve,
    J'ouvris les yeux, je vis l'étoile du matin.
    Elle resplendissait au fond du ciel lointain
    Dans une blancheur molle, infinie et charmante.
    Aquilon s'enfuyait emportant la tourmente.
    L'astre éclatant changeait la nuée en duvet.
    C'était une clarté qui pensait, qui vivait...

  • En Grèce ! en Grèce ! adieu, vous tous ! il faut partir !
    Qu'enfin, après le sang de ce peuple martyr,
    Le sang vil des bourreaux ruisselle !
    En Grèce, à mes amis ! vengeance ! liberté !
    Ce turban sur mon front ! ce sabre à mon côté !
    Allons ! ce cheval, qu'on le selle !

    Quand partons-nous ? Ce soir ! demain serait trop long.
    Des armes ! des chevaux ! un...

  • L'aube naît, et ta porte est close !
    Ma belle, pourquoi sommeiller ?
    A l'heure où s'éveille la rose
    Ne vas-tu pas te réveiller ?

    Ô ma charmante,
    Ecoute ici
    L'amant qui chante
    Et pleure aussi !

    Tout frappe à ta porte bénie.
    L'aurore dit : Je suis le jour !
    L'oiseau dit : Je suis l'harmonie !
    Et mon coeur dit : Je suis l...

  • Ne te figure pas, ma belle,
    Que les bois soient pleins d'innocents.
    La feuille s'émeut comme l'aile
    Dans les noirs taillis frémissants ;

    L'innocence que tu supposes
    Aux chers petits oiseaux bénis
    N'empêche pas les douces choses
    Que Dieu veut et que font les nids.

    Les imiter serait mon rêve ;
    Je baise en songe ton bras blanc ;
    ...

  • d'un petit enfant au bord de la mer


    Vieux lierre, frais gazon, herbe, roseaux, corolles ;
    Eglise où l'esprit voit le Dieu qu'il rêve ailleurs ;
    Mouches qui murmurez d'ineffables paroles
    À l'oreille du pâtre assoupi dans les fleurs ;

    Vents, flots, hymne orageux, choeur sans fin, voix sans nombre ;
    Bois qui faites songer le passant sérieux ;...

  • Si j'étais la feuille que roule
    L'aile tournoyante du vent,
    Qui flotte sur l'eau qui s'écoule,
    Et qu'on suit de l'oeil en rêvant ;

    Je me livrerais, fraîche encore,
    De la branche me détachant,
    Au zéphyr qui souffle à l'aurore,
    Au ruisseau qui vient du couchant.

    Plus loin que le fleuve, qui gronde,
    Plus loin que les vastes forêts,
    ...

  • De quoi parlait le vent ? De quoi tremblaient les branches ?
    Était-ce, en ce doux mois des nids et des pervenches,
    Parce que les oiseaux couraient dans les glaïeuls,
    Ou parce qu'elle et moi nous étions là tout seuls ?
    Elle hésitait. Pourquoi ? Soleil, azur, rosées,
    Aurore ! Nous tâchions d'aller, pleins de pensées,
    Elle vers la campagne et moi vers la forêt...