• J'étais seul près des flots, par une nuit d'étoiles.
    Pas un nuage aux cieux, sur les mers pas de voiles.
    Mes yeux plongeaient plus loin que le monde réel.
    Et les bois, et les monts, et toute la nature,
    Semblaient interroger dans un confus murmure
    Les flots des mers, les feux du ciel.

    Et les étoiles d'or, légions infinies,
    A voix haute, à voix basse,...

  • Est-ce ma faute à moi si vous n'êtes pas grands ?
    Vous aimez les hiboux, les fouines, les tyrans,
    Le mistral, le simoun, l'écueil, la lune rousse ;
    Vous êtes Myrmidon que son néant courrouce ;
    Hélas ! l'envie en vous creuse son puits sans fond,
    Et je vous plains. Le plomb de votre style fond
    Et coule sur les noms que dore un peu de gloire,
    Et, tout en...

  • Nous étions seuls dans l'ombre et l'extase suprême.
    Elle disait : je t'aime ! et je disais : je t'aime !
    Elle disait : toujours ! et je disais : toujours !
    Elle ajoutait : nos coeurs sont époux, nos amours
    Vaincront la destinée, et rien ne me tourmente,
    Étant, toi le plus fort, et moi, la plus aimante.
    Et moi, je reprenais : la ville est sombre, vois.
    ...

  • En guerre les guerriers ! Mahomet ! Mahomet !
    Les chiens mordent les pieds du lion qui dormait,
    Ils relèvent leur tête infâme.
    Ecrasez, ô croyants du prophète divin,
    Ces chancelants soldats qui s'enivrent de vin,
    Ces hommes qui n'ont qu'une femme !

    Meure la race franque et ses rois détestés !
    Spahis, timariots, allez, courez, jetez
    A travers les...

  • Jamais elle ne raille,
    Étant un calme esprit ;
    Mais toujours elle rit. -
    Voici des brins de mousse avec des brins de paille ;
    Fauvette des roseaux,
    Fais ton nid sur les eaux.

    Quand sous la clarté douce
    Qui sort de tes beaux yeux,
    On passe, on est joyeux. -
    Voici des brins de paille avec des brins de mousse ;
    Martinet de l'azur,...

  • Pure Innocence ! Vertu sainte !
    O les deux sommets d'ici-bas !
    Où croissent, sans ombre et sans crainte,
    Les deux palmes des deux combats !

    Palme du combat Ignorance !
    Palme du combat Vérité !
    L'âme, à travers sa transparence,
    Voit trembler leur double clarté.

    Innocence ! Vertu ! sublimes
    Même pour l'oeil mort du méchant !...

  • (extrait)

    ... Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
    Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
    Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
    Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules
    Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
    Dans la même prison le même mouvement.
    Accroupis sous les dents d'une machine sombre,...

  • Voici que la saison décline,
    L'ombre grandit, l'azur décroît,
    Le vent fraîchit sur la colline,
    L'oiseau frissonne, l'herbe a froid.

    Août contre septembre lutte ;
    L'océan n'a plus d'alcyon ;
    Chaque jour perd une minute,
    Chaque aurore pleure un rayon.

    La mouche, comme prise au piège,
    Est immobile à mon plafond ;
    Et comme un blanc...

  • La nuit était fort noire et la forêt très-sombre.
    Hermann à mes côtés me paraissait une ombre.
    Nos chevaux galopaient. A la garde de Dieu !
    Les nuages du ciel ressemblaient à des marbres.
    Les étoiles volaient dans les branches des arbres
    Comme un essaim d'oiseaux de feu.

    Je suis plein de regrets. Brisé par la souffrance,
    L'esprit profond d'...

  • I

    Aux champs, compagnons et compagnes !
    Fils, j'élève à la dignité
    De géorgiques les campagnes
    Quelconques où flambe l'été !

    Flamber, c'est là toute l'histoire
    Du coeur, des sens, de la saison,
    Et de la pauvre mouche noire
    Que nous appelons la raison.

    Je te fais molosse, ô mon dogue !
    L'acanthe manque ? j'ai le thym....