• L'église est vaste et haute. A ses clochers superbes
    L'ogive en fleur suspend ses trèfles et ses gerbes ;
    Son portail resplendit, de sa rose pourvu ;
    Le soir fait fourmiller sous la voussure énorme
    Anges, vierges, le ciel, l'enfer sombre et difforme,
    Tout un monde effrayant comme un rêve entrevu.

    Mais ce n'est pas l'église, et ses voûtes sublimes,...

  • C'était un grand château du temps de Louis treize.
    Le couchant rougissait ce palais oublié.
    Chaque fenêtre au loin, transformée en fournaise,
    Avait perdu sa forme et n'était plus que braise.
    Le toit disparaissait dans les rayons noyé.

    Sous nos yeux s'étendait, gloire antique abattue,
    Un de ces parcs dont l'herbe inonde le chemin,
    Où dans un coin,...

  • Tout est lumière, tout est joie,
    L'araignée au pied diligent
    Attache aux tulipes de soie
    Ses rondes dentelles d'argent.

    La frissonnante libellule
    Mire les globes de ses yeux
    Dans l'étang splendide où pullule
    Tout un monde mystérieux !

    La rose semble, rajeunie,
    S'accoupler au bouton vermeil ;
    L'oiseau chante plein d'harmonie
    ...

  • Sed satis est jam posse mori.
    LUCAIN.


    Où donc est le bonheur ? disais-je. - Infortuné !
    Le bonheur, ô mon Dieu, vous me l'avez donné.

    Naître, et ne pas savoir que l'enfance éphémère,
    Ruisseau de lait qui fuit sans une goutte amère,
    Est l'âge du bonheur, et le plus beau moment
    Que l'homme, ombre qui passe, ait sous le firmament !
    ...

  • Vous êtes bien belle et je suis bien laid.
    A vous la splendeur de rayons baignée ;
    A moi la poussière, à moi l'araignée.
    Vous êtes bien belle et je suis bien laid ;
    Soyez la fenêtre et moi le volet.

    Nous réglerons tout dans notre réduit.
    Je protégerai ta vitre qui tremble ;
    Nous serons heureux, nous serons ensemble ;
    Nous réglerons tout dans notre...

  • S'il est un charmant gazon
    Que le ciel arrose,
    Où brille en toute saison
    Quelque fleur éclose,
    Où l'on cueille à pleine main
    Lys, chèvrefeuille et jasmin,
    J'en veux faire le chemin
    Où ton pied se pose !

    S'il est un sein bien aimant
    Dont l'honneur dispose,
    Dont le ferme dévouement
    N'ait rien de morose,
    Si toujours ce...

  • Le ciel d'étain au ciel de cuivre
    Succède. La nuit fait un pas.
    Les choses de l'ombre vont vivre.
    Les arbres se parlent tout bas.

    Le vent, soufflant des empyrées,
    Fait frissonner dans l'onde, où luit
    Le drap d'or des claires soirées,
    Les sombres moires de la nuit.

    Puis la nuit fait un pas encore.
    Tout à l'heure, tout écoutait....

  • Dans les ravins la route oblique
    Fuit. - Il voit luire au-dessus d'eux
    Le ciel sinistre et métallique
    A travers des arbres hideux.

    Des êtres rôdent sur les rives ;
    Le nénuphar nocturne éclôt ;
    Des agitations furtives
    Courbent l'herbe, rident le flot.

    Les larges estompes de l'ombre,
    Mêlant les lueurs et les eaux,
    Ébauchent...

  • Jeanne chante ; elle se penche
    Et s'envole ; elle me plaît ;
    Et, comme de branche en branche,
    Va de couplet en couplet.

    De quoi donc me parlait-elle ?
    Avec sa fleur au corset,
    Et l'aube dans sa prunelle,
    Qu'est-ce donc qu'elle disait ?

    Parlait-elle de la gloire,
    Des camps, du ciel, du drapeau,
    Ou de ce qu'il faut de moire...

  • Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.
    Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant,
    Noir squelette laissant passer le crépuscule.
    Dans l'ombre où l'on dirait que tout tremble et recule,
    L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx.
    Et les triomphateurs sous les arcs triomphaux
    Tombaient ; elle changeait en désert Babylone,
    Le trône...