• Monte, écureuil, monte au grand chêne,
    Sur la branche des cieux prochaine,
    Qui plie et tremble comme un jonc.
    Cigogne, aux vieilles tours fidèle,
    Oh ! vole et monte à tire-d'aile
    De l'église à la citadelle,
    Du haut clocher au grand donjon.

    Vieux aigle, monte de ton aire
    A la montagne centenaire
    Que blanchit l'hiver éternel.
    Et toi qu'en...

  • Ô Charles, je te sens près de moi. Doux martyr,
    Sous terre où l'homme tombe,
    Je te cherche, et je vois l'aube pâle sortir
    Des fentes de ta tombe.

    Les morts, dans le berceau, si voisin du cercueil,
    Charmants, se représentent ;
    Et pendant qu'à genoux je pleure, sur mon seuil
    Deux petits enfants chantent.

    Georges, Jeanne, chantez ! Georges,...

  • Un jour au mont Atlas les collines jalouses
    Dirent : - Vois nos prés verts, vois nos fraîches pelouses
    Où vient la jeune fille, errante en liberté,
    Chanter, rire, et rêver après qu'elle a chanté ;
    Nos pieds que l'océan baise en grondant à peine,
    Le sauvage océan ! notre tête sereine,
    A qui l'été de flamme et la rosée en pleurs
    Font tant épanouir de couronnes...

  • (extrait)

    ...Ce n'est pas le canon du noir vendémiaire,
    Ni les boulets de juin, ni les bombes de mai,
    Qui font la haine éteinte et l'ulcère fermé.
    Moi, pour aider le peuple à résoudre un problème,
    Je me penche vers lui. Commencement : je l'aime.
    Le reste vient après. Oui, je suis avec vous,
    J'ai l'obstination farouche d'être doux,
    Ô vaincus...

  • Ce siècle est grand et fort. Un noble instinct le mène.
    Partout on voit marcher l'Idée en mission ;
    Et le bruit du travail, plein de parole humaine,
    Se mêle au bruit divin de la création.

    Partout, dans les cités et dans les solitudes,
    L'homme est fidèle au lait dont nous le nourrissions ;
    Et dans l'informe bloc des sombres multitudes
    La pensée en...

  • Mes deux frères et moi, nous étions tout enfants.
    Notre mère disait: jouez, mais je défends
    Qu'on marche dans les fleurs et qu'on monte aux échelles.

    Abel était l'aîné, j'étais le plus petit.
    Nous mangions notre pain de si bon appétit,
    Que les femmes riaient quand nous passions près d'elles.

    Nous montions pour jouer au grenier du couvent.
    Et là,...

  • O mon enfant, tu vois, je me soumets.
    Fais comme moi : vis du monde éloignée ;
    Heureuse ? non ; triomphante ? jamais.
    -- Résignée ! --

    Sois bonne et douce, et lève un front pieux.
    Comme le jour dans les cieux met sa flamme,
    Toi, mon enfant, dans l'azur de tes yeux
    Mets ton âme !

    Nul n'est heureux et nul n'est triomphant.
    L'heure...

  • Puisque là-bas s'entr'ouvre une porte vermeille,
    Puisque l'aube blanchit le bord de l'horizon,
    Pareille au serviteur qui le premier s'éveille
    Et, sa lampe à la main, marche dans la maison,

    Puisqu'un blême rayon argente la fontaine,
    Puisqu'à travers les bois l'immense firmament
    Jette une lueur pâle et calme que la plaine
    Regarde vaguement,
    ...

  • Esprit mystérieux qui, le doigt sur ta bouche,
    Passes... ne t'en va pas ! parle à l'homme farouche
    Ivre d'ombre et d'immensité,
    Parle-moi, toi, front blanc qui dans ma nuit te penches !
    Réponds-moi, toi qui luis et marches sous les branches
    Comme un souffle de la clarté !

    Est-ce toi que chez moi minuit parfois apporte ?
    Est-ce toi qui heurtais l'...

  • Tous les hommes sont l'Homme ; et pas plus que les cieux
    Le droit n'a de rivages ;
    Ma sombre liberté sent le poids monstrueux
    De tous les esclavages.

    Avec tout prisonnier je me sens enfermé ;
    Ses chaînes sont les nôtres ;
    Guerre aux rois! Délivrance! Un seul peuple opprimé
    Opprime tous les autres.