• ... Le mal qui m'a saisi resserre son étreinte.
    La nuit vient. Je me sens seul et triste à mourir.
    Personne auprès de moi pour adoucir ma crainte,
    Pour essuyer mon front et m'aider à mourir. [...]

  • Apollon dans l'exil végète sur la terre.
    Dépouillé de sa gloire, il a fui loin du ciel,
    Errant, comme l'aiglon qu'a rejeté son père
    Loin du nid maternel.

    Ah ! plaignez le destin du dieu de l'harmonie !
    Des plus vils des humains il a subi la loi ;
    Et celui dont l'Olympe admirait le génie
    Est l'esclave d'un roi !

    Près des lieux où l'Ossa...

  • Enfant de la nature,
    Il lui faut ses bouquets ;
    Ses tapis de verdure
    Et l'or de ses guérets.

    Mais il faut au poète
    Des rythmes inconnus,
    Les clartés du prophète
    Et les nuits de Jésus.

    Il lui faut des études
    Aux aspects infinis :
    D'austères solitudes
    Pour nourrir ses esprits.

    C'est là que le génie,
    Au...

  • Un jour qu'avec sollicitude
    Des habitants d'une cité
    L'avaient longuement exhorté :
    A sortir de sa solitude :

    " Qu'irais-je donc faire à la ville ?
    Dit le songeur au teint vermeil,
    Regardant mourir le soleil,
    D'un air onctueux et tranquille.

    Ici, de l'hiver à l'automne,
    Dans la paix des yeux, du cerveau,
    J'éprouve toujours de...

  • Des ruisseaux un déluge a fait de lourds torrents
    Qui roulent, pêle-mêle, écumeux, dévorant
    L'étendue, au travers des landes, des pacages,
    Et changeant en lacs fous les stagnants marécages.

    Mais l'eau dort plate autour d'un grand tertre escarpé,
    Tout hérissé de bois. Lent, le soir est tombé.
    Dans l'air mort, où s'ébauche un soupçon de tonnerre,
    ...

  • Béant, je regardais du seuil d'une chaumière
    De grands sites muets, mobiles et changeants,
    Qui, sous de frais glacis d'ambre, d'or et d'argent,
    Vivaient un infini d'espace et de lumière.

    C'étaient des fleuves blancs, des montagnes mystiques.
    Des rocs pâmés de gloire et de solennité,
    Des chaos engendrant de leur obscurité
    Des éblouissements de...

  • Toute mie, onduleuse et le torse vibrant,
    La fleur des lupanars, des tripots et des bouges
    Bouclait nonchalamment ses jarretières rouges
    Sur de très longs bas noirs d'un tissu transparent,

    Quand soudain sa victime eut ce cri déchirant
    "Je suis dans un brouillard qui bourdonne et qui bouge
    Mon oeil tourne et s'éteint! où donc es-tu, ma gouge ?
    Viens !...

  • Les nuits d'hiver quand le vent pleure,
    Se plaint, hurle, siffle et vagit,
    On ne sait quel drame surgit
    Dans l'homme ainsi qu'en la demeure.

    Sa grande musique mineure
    Qui, tour à tour, grince et mugit,
    Sur toute la pensée agit
    Comme une voix intérieure.

    Ces cris, cette clameur immense,
    Chantent la rage, la démence,
    La peur, le...

  • Après une chaleur si dure
    Tout se rafraîchit pour l'instant.
    La pluie est absorbée autant
    Par le roc que par la verdure.

    Terrains noirs, sillons bruns et roux,
    Prés et bois, les pentes, les trous,
    Toute la campagne qui songe
    S'en imbibe, la boit, l'éponge.

    Les pauvres herbes altérées,
    Les mousses du val, du coteau,
    La...

  • La biche brame au clair de lune
    Et pleure à se fondre les yeux :
    Son petit faon délicieux
    A disparu dans la nuit brune.

    Pour raconter son infortune
    A la forêt de ses aïeux,
    La biche brame au clair de lune
    Et pleure à se fondre les yeux.

    Mais aucune réponse, aucune,
    A ses longs appels anxieux !
    Et le cou tendu vers les cieux...