• Le Roi Sigurd est mort. Un lourd tissu de laine
    Couvre, du crâne aux pieds, le Germain au poil blond.
    Son beau corps sur la dalle est couché, roide et long ;
    Son sang ruisselle, tiède, et la salle en est pleine.

    Quatre femmes sont là, quatre épouses de chefs ;
    La Franke Gudruna, l'inconsolable veuve,
    Et la reine des Huns, errant loin de son fleuve,...

  • Les cèdres et les pins, les hêtres, les érables,
    Dans leur antique orgueil des siècles respecté,
    Haussent de toutes parts avec rigidité
    La noble ascension de leurs troncs vénérables
    Jusqu'aux dômes feuillus, chauds des feux de l'été.

    Sous l'enchevêtrement de leurs vastes ramures
    La terre fait silence aux pieds de ses vieux rois.
    Seuls, au fond des...

  • Bien au delà des jours, des Ans multipliés,
    Du vertige des Temps dont la fuite est sans trêve,
    Voici ce que j'ai vu, dans l'immuable rêve
    Qui me hante, depuis les songes oubliés.

    J'errais, seul, sur la Terre. Et la Terre était nue.
    L'ancien gémissement de ce qui fut vivant,
    Le sanglot de la mer et le râle du vent
    S'étaient tus à jamais sous l'...

  • Quand l'homme approche enfin des sommets où la vie
    Va plonger dans votre ombre inerte, ô mornes cieux !
    Debout sur la hauteur aveuglément gravie,
    Les premiers jours vécus éblouissent ses yeux.

    Tandis que la nuit monte et déborde les grèves,
    Il revoit, au delà de l'horizon lointain,
    Tourbillonner le vol des désirs et des rêves
    Dans la rose clarté de...

  • Les lourds rameaux neigeux du mélèze et de l'aune.
    Un grand silence. Un ciel étincelant d'hiver.
    Le Roi du Hartz, assis sur ses jarrets de fer,
    Regarde resplendir la lune large et jaune.

    Les gorges, les vallons, les forêts et les rocs
    Dorment inertement sous leur blême suaire,
    Et la face terrestre est comme un ossuaire
    Immense, cave ou plat, ou...

  • Gémis, noble Yémen, sous tes palmiers si doux !
    Schâmah, lamente-toi sous tes cèdres noirs d'ombre !
    Sous tés immenses cieux emplis d'astres sans nombre,
    Dans le sable enflammé cachant ta face sombre,
    Pleure et rugis, Maghreb, père des lions roux !

    Azraël a fauché de ses ailes funèbres
    La fleur de Korthobah, la Rose des guerriers !
    Les braves ont...

  • Couronnés de thym et de marjolaine,
    Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

    Du sentier des bois aux daims familier,
    Sur un noir cheval, sort un chevalier.
    Son éperon d'or brille en la nuit brune ;
    Et, quand il traverse un ravon de lune,
    On voit resplendir, d'un reflet changeant,
    Sur sa chevelure un casque d'argent.

    Couronnés de thym et de...

  • Certes, il n'aimait pas à la façon des hommes,
    Avec des tresses d'or, des roses ou des pommes,
    Depuis que t'ayant vue, ô fille de la Mer,
    Le désir le mordit au coeur d'un trait amer.
    Il t'aimait, Galatée, avec des fureurs vraies ;
    Laissant le lait s'aigrir et sécher dans les claies,
    Oubliant les brebis laineuses aux prés verts,
    Et se souciant peu de l'immense...

  • (Études latines, XV)

    Ô blanche Tyndaris, les Dieux me sont amis
    Ils aiment les Muses Latines ;
    Et l'aneth, et le myrte et le thym des collines
    Croissent aux prés qu'ils m'ont soumis.

    Viens ! mes ramiers chéris, aux voluptés plaintives,
    Ici se plaisent à gémir ;
    Et sous l'épais feuillage il est doux de dormir
    Au bruit des sources fugitives...

  • Depuis le jour antique où germa sa semence,
    Cette forêt sans fin, aux feuillages houleux,
    S'enfonce puissamment dans les horizons bleus
    Comme une sombre mer qu'enfle un soupir immense.

    Sur le sol convulsif l'homme n'était pas né
    Qu'elle emplissait déjà, mille fois séculaire,
    De son ombre, de son repos, de sa colère,
    Un large pan du globe encore...