• Après l'apothéose après les gémonies,
    Pour le vorace oubli marqués du même sceau,
    Multitudes sans voix, vains noms, races finies,
    Feuilles du noble chêne ou de l'humble arbrisseau ;

    Vous dont nul n'a connu les mornes agonies,
    Vous qui brûliez d'un feu sacré dès le berceau,
    Lâches, saints et héros, brutes, mâles génies,
    Ajoutés au fumier des siècles par...

  • Une eau vive étincelle en la forêt muette,
    Dérobée aux ardeurs du jour ;
    Et le roseau s'y ploie, et fleurissent autour
    L'hyacinthe et la violette.

    Ni les chèvres paissant les cytises amers
    Aux pentes des proches collines,
    Ni les pasteurs chantant sur les flûtes divines,
    N'ont troublé la source aux flots clairs.

    Les noirs chênes, aimés des...

  • (Études latines, IV)

    Viens ! c'est le jour d'un Dieu. Puisons avec largesse
    Le Cécube clos au cellier.
    Fière Lydé, permets au plaisir familier
    D'amollir un peu ta sagesse.

    L'heure fuit, l'horizon rougit sous le soleil,
    Hâte-toi. L'amphore remplie
    Sous Bibulus consul, repose ensevelie:
    Trouble son antique sommeil.

    Je chanterai les...

  • Les chandeliers de fer flambent jusqu'au plafond
    Où, massive, reluit la poutre transversale.
    On entend crépiter la résine qui fond.

    Hormis cela, nul bruit. Toute la gent vassale,
    Écuyers, échansons, pages, Maures lippus,
    Se tient debout et roide autour de la grand'salle.

    Entre les escabeaux et les coffres trapus
    Pendent au mur, dépouille aux...

  • Kléarista s'en vient par les blés onduleux
    Avec ses noirs sourcils arqués sur ses yeux bleus,
    Son front étroit coupé de fines bandelettes,
    Et, sur son cou flexible et blanc comme le lait,
    Ses tresses où, parmi les roses de Milet,
    On voit fleurir les violettes.

    L'Aube divine baigne au loin l'horizon clair ;
    L'alouette sonore et joyeuse, dans l'air,
    ...

  • Une étoile d'or là-bas illumine
    Le bleu de la nuit, derrière les monts.
    La lune blanchit la verte colline :
    - Pourquoi pleures-tu, petite Christine ?
    Il est tard, dormons.

    - Mon fiancé dort sous la noire terre,
    Dans la froide tombe il rêve de nous.
    Laissez-moi pleurer, ma peine est amère
    Laissez-moi gémir et veiller, ma mère :
    Les pleurs me...

  • I

    Ô jeune Thyoné, vierge au regard vainqueur,
    Aphrodite jamais n'a fait battre ton coeur,
    Et des flèches d'Éros l'atteinte toujours sûre
    N'a point rougi ton sein d'une douce blessure.
    Ah ! si les Dieux jaloux, vierge, n'ont pas formé
    La neige de ton corps d'un marbre inanimé,
    Viens au fond des grands bois, sous les larges ramures
    Pleines de...

  • Les prés ont une odeur d'herbe verte et mouillée,
    Un frais soleil pénètre en l'épaisseur des bois,
    Toute chose étincelle, et la jeune feuillée
    Et les nids palpitants s'éveillent à la fois.

    Les cours d'eau diligents aux pentes des collines
    Ruissellent, clairs et gais, sur la mousse et le thym ;
    Ils chantent au milieu des buissons d'aubépines
    Avec le vent...

  • (Études latines, II)

    Tu ne sais point chanter, ô cithare Ionique,
    En ton mode amolli doux à la volupté,
    Les flots Siciliens rougis du sang Punique,
    Numance et son mur indompté.

    Ô lyre, tu ne sais chanter que Licymnie,
    Et ses jeunes amours, ses yeux étincelants,
    L'enjoûment de sa voix si pleine d'harmonie,
    Ses pieds si légers et si blancs...

  • Les roses d'Ispahan dans leur gaîne de mousse,
    Les jasmins de Mossoul, les fleurs de l'oranger
    Ont un parfum moins frais, ont une odeur moins douce,
    O blanche Leïlah ! que ton souffle léger.

    Ta lèvre est de corail, et ton rire léger
    Sonne mieux que l'eau vive et d'une voix plus douce,
    Mieux que le vent joyeux qui berce l'oranger,
    Mieux quel'oiseau...