Reçois, pasteur des boucs et des chèvres frugales,
Ce vase enduit de cire, aux deux anses égales.
Avec l'odeur du bois récemment ciselé,
Le long du bord serpente un lierre entremêlé
D'hélichryse aux fruits d'or. Une main ferme et fine
A sculpté ce beau corps de femme, oeuvre divine,
Qui, du péplos ornée et le front ceint de fleurs,
Se rit du vain amour des...
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I
Trois spectres familiers hantent mes heures sombres.
Sans relâche, à jamais, perpétuellement,
Du rêve de ma vie ils traversent les ombres.
Je les regarde avec angoisse et tremblement.
Ils se suivent, muets comme il convient aux âmes,
Et mon coeur se contracte et saigne en les nommant.
Ces magnétiques yeux, plus aigus que des lames,... -
Khons, tranquille et parfait, le Roi des Dieux thébains,
Est assis gravement dans sa barque dorée :
Le col roide, l'oeil fixe et l'épaule carrée,
Sur ses genoux aigus il allonge les mains.
La double bandelette enclôt ses tempes lisses
Et pend avec lourdeur sur le sein et le dos.
Tel le Dieu se recueille et songe en son repos,
Le regard immuable et noyé... -
Bois chers aux ramiers, pleurez, doux feuillages,
Et toi, source vive, et vous, frais sentiers ;
Pleurez, ô bruyères sauvages,
Buissons de houx et d'églantiers !
Du courlis siffleur l'aube saluée
Suspend au brin d'herbe une perle en feu ;
Sur le mont rose est la nuée ;
La poule d'eau nage au lac bleu.
Pleurez, ô courlis ; pleure, blanche... -
Le vert colibri, le roi des collines,
Voyant la rosée et le soleil clair
Luire dans son nid tissé d'herbes fines,
Comme un frais rayon s'échappe dans l'air.
Il se hâte et vole aux sources voisines
Où les bambous font le bruit de la mer,
Où l'açoka rouge, aux odeurs divines,
S'ouvre et porte au coeur un humide éclair.
Vers la fleur dorée il... -
Sous les noirs acajous, les lianes en fleur,
Dans l'air lourd, immobile et saturé de mouches,
Pendent, et, s'enroulant en bas parmi les souches,
Bercent le perroquet splendide et querelleur,
L'araignée au dos jaune et les singes farouches.
C'est là que le tueur de boeufs et de chevaux,
Le long des vieux troncs morts à l'écorce moussue,
Sinistre et fatigué,... -
Au plus creux des ravins emplis de blocs confus,
De flaques d'eau luisant par endroits sous les ombres,
La lune, d'un trait net, sculpte les lignes sombres
De vieux troncs d'arbres morts roides comme des fûts.
Dans les taillis baignés de violents aromes
Qu'une brume attiédie humecte de sueur,
Elle tombe, et blanchit de sa dure lueur
Le sentier des... -
Sur le myrte frais et l'herbe des bois,
Au rythme amoureux du mode Ionique,
Mollement couché, j'assouplis ma voix.
Éros, sur son cou nouant sa tunique,
Emplit en riant, échanson joyeux,
Ma coupe d'onyx d'un flot de vin vieux.
La vie est d'un jour sous le ciel antique ;
C'est un char qui roule au stade olympique.
Buvons, couronnés d'hyacinthe en... -
A travers les massifs des pâles oliviers
L'Archer resplendissant darde ses belles flèches
Qui, par endroits, plongeant au fond des sources fraîches,
Brisent leurs pointes d'or contre les durs graviers.
Dans l'air silencieux ni souffles ni bruits d'ailes,
Si ce n'est, enivré d'arôme et de chaleur,
Autour de l'églantier et du cytise en fleur,
Le murmure... -
(Études latines, IX)
Il me faut retourner aux anciennes amours :
L'Immortel qui naquit de la Vierge Thébaine,
Et les jeunes Désirs et leur Mère inhumaine
Me commandent d'aimer toujours.
Blanche comme un beau marbre avec ses roses joues,
Je brûle pour Néère aux yeux pleins de langueur ;
Vénus se précipite et consume mon coeur :
Tu ris, ô...