• (Études latines, III)

    Ne crains pas de puiser aux réduits du cellier
    Le vin scellé quatre ans dans l'amphore rustique ;
    Laisse aux Dieux d'apaiser la mer et l'orme antique,
    Thaliarque ! Qu'un beau feu s'égaye en ton foyer ;

    Pour toi, mets à profit la vieillesse tardive :
    Il est plus d'une rose aux buissons du chemin.
    Cueille ton jour fleuri...

  • Berger du monde, clos les paupières funèbres
    Des deux chiens d'Yama qui hantent les ténèbres.

    Va, pars ! Suis le chemin antique des aïeux.
    Ouvre sa tombe heureuse et qu'il s'endorme en elle,
    O Terre du repos, douce aux hommes pieux !
    Revêts-le de silence, ô Terre maternelle,
    Et mets le long baiser de l'ombre sur ses yeux.

    Que le Berger divin...

  • Je m'étais assis sur la cime antique
    Et la vierge neige, en face des Dieux ;
    Je voyais monter dans l'air pacifique
    La procession des Morts glorieux.
    La Terre exhalait le divin cantique
    Que n'écoute plus le siècle oublieux,
    Et la chaîne d'or du Zeus homérique
    D'anneaux en anneaux l'unissait aux cieux.
    Mais, ô Passions, noirs oiseaux de proie,
    Vous...

  • Autrefois, quand l'essaim fougueux des premiers rêves
    Sortait en tourbillons de mon coeur transporté ;
    Quand je restais couché sur le sable des grèves,
    La face vers le ciel et vers la liberté ;

    Quand, chargé du parfum des hautes solitudes,
    Le vent frais de la nuit passait dans l'air dormant,
    Tandis qu'avec lenteur, versant ses flots moins rudes,
    La...

  • Du pied des sommets bleus, là-bas, dans le ciel clair,
    Épandu sur les lacs, les forêts et les plaines,
    Le vaste fleuve, enflé de cent rivières pleines,
    S'en va vers l'orient du monde et vers la mer.

    L'or fluide du jour jaillit en gerbes vives,
    Monte, s'épanouit, retombe, et, ruisselant
    Comme un rose incendie au fleuve étincelant,
    Semble le dilater...

  • Tels que la haute mer contre les durs rivages,
    À la grande tuerie ils se sont tous rués,
    Ivres et haletants, par les boulets troués,
    En d'épais tourbillons pleins de clameurs sauvages.

    Sous un large soleil d'été, de l'aube au soir,
    Sans relâche, fauchant les blés, brisant les vignes,
    Longs murs d'hommes, ils ont poussé leurs sombres lignes,
    Et là, par...

  • Ta rose de pourpre, à ton clair soleil,
    O Juin, étincelle enivrée ;
    Penche aussi vers moi ta coupe dorée :
    Mon coeur à ta rose est pareil.

    Sous le mol abri de la feuille ombreuse
    Monte un soupir de volupté ;
    Plus d'un ramier chante au bois écarté,
    O mon coeur, sa plainte amoureuse.

    Que ta perle est douce au ciel parfumé,
    Etoile de la...

  • L 'aigle noir aux yeux d'or, prince du ciel mongol,
    Ouvre, dès le premier rayon de l'aube claire,
    Ses ailes comme un large et sombre parasol.

    Un instant immobile, il plane, épie et flaire.
    Là-bas, au flanc du roc crevassé, ses aiglons
    Érigent, affamés, leurs cous au bord de l'aire.

    Par la steppe sans fin, coteau, plaine et vallons,
    L'oeil...

  • Je dirai la rose aux plis gracieux.
    La rose est le souffle embaumé des Dieux,
    Le plus cher souci des Muses divines.
    Je dirai ta gloire, ô charme des yeux,
    Ô fleur de Kypris, reine des collines !
    Tu t'épanouis entre les beaux doigts
    De l'Aube écartant les ombres moroses ;
    L'air bleu devient rose, et roses les bois ;
    La bouche et le sein des...

  • Ville au bouclier d'or, favorite des Dieux,
    Toi que bâtit la Lyre aux sons mélodieux,
    Toi que baigne Dirkè d'une onde inspiratrice,
    D'Hèraclès justicier magnanime nourrice,
    Thèbes ! - Toi qui contins entre tes murs sacrés
    Le Dieu né de la foudre, aux longs cheveux dorés,
    Ceint de pampre, Iakkhos, qui, la lèvre rougie,
    Danse, le thyrse en main, aux monts...